Blocage du trafic aérien :21/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2177.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Blocage du trafic aérien :

Des décroissants qui se sentent le vent en poupe

La suspension de tous les vols et la fermeture de la totalité des aéroports de l'Europe du Nord, provoquées par l'extension du nuage issu du volcan islandais en éruption, a fourni le prétexte à une autre irruption, à d'autres débordements, ceux des tenants de la décroissance, qui ont eu tout loisir de se répandre sur les antennes.

Ils prétendent voir dans cette situation, pour reprendre les termes de certains d'entre eux, une revanche de la nature sur l'homme et la civilisation, une revanche sur le progrès moderne, tout cela amalgamé dans une même condamnation.

Le député Vert Yves Cochet, l'un des apôtres d'une décroissance qu'il appelle de ses voux, considère, pour s'en féliciter, que cette situation serait « une bonne anticipation » de ce qui se passera dans une quinzaine d'années, face à la raréfaction du pétrole et à la disparition prévue - et souhaitée - du transport aérien. D'autres dénoncent le gaspillage - indéniable - qui consiste à faire venir des haricots verts du Kenya, ou des fraises du Chili, sans avoir à subir les effets des saisons et des rythmes qu'elles imposent à la culture.

Et tous ces prophètes préconisent un retour à la nature, ce qui dans leur esprit signifie chacun chez soi, à cultiver son carré de choux et à ne consommer que ce qu'il produit, sans toutefois mépriser les moyens qu'offrent la télévision, la radio ou d'autres plus sophistiqués, pour diffuser leurs sombres prédictions.

On n'en est pas à entendre ce que disaient les prédicateurs de diverses obédiences au lendemain du tremblement de terre en Haïti, expliquant que ce cataclysme était la revanche ou la punition de dieu, mais c'est tout comme ! Ces nouveaux prédicateurs en sont à mettre en cause l'égoïsme ou l'irresponsabilité des hommes qui ne verraient pas plus loin que le bout de leur nez, parce qu'ils ont envie de changer d'horizon, de visiter le monde, ou tout simplement et de façon plus banale de profiter, quand ils le peuvent, d'un coin ensoleillé. Et s'il y a bien des aberrations à dénoncer dans cette société, ce n'est pas qu'elle offre des possibilités démultipliées, grâce aux techniques les plus modernes, d'échanger, de communiquer, d'élargir son horizon. Ce n'est pas non plus que le progrès des connaissances et des techniques aient fourni aux femmes et aux hommes la possibilité de mieux maîtriser la nature. Non, ce qui est aberrant, c'est que toutes ces possibilités restent aux mains des capitalistes et des bourgeois, qui n'ont d'autres préoccupations que d'accroître leur fortune. C'est justement ce que se refusent à voir ces décroissants, à la recherche d'un avenir tourné vers un lointain passé.

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