Visteon (Nord-Pas-de-Calais) : Trois jours de grève contre les bas salaires et les suppressions d'emplois31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Visteon (Nord-Pas-de-Calais) : Trois jours de grève contre les bas salaires et les suppressions d'emplois

Lundi 22 mars au soir, les salariés de Visteon (équipementier automobile) se sont mis en grève à l'appel de l'intersyndicale. Le mécontentement était très fort et les trois sites de la région étaient bloqués : les usines de Gondecourt et de Carvin ainsi que le centre technique de Harnes, tous ensemble pour la première fois dans la grève. Aucun camion de pièces ne pouvait sortir.

« Salaire de misère, 5 % d'augmentation ou rien ». La revendication a été placardée devant l'usine. La direction ne donnait, lors des négociations annuelles obligatoires, que 1,8 % pour les ouvriers, rien pour les cadres (de Harnes par exemple).

Mais il y avait aussi le ras-le-bol des suppressions de postes : on en est au huitième plan de suppressions d'emplois depuis 2001. Visteon est encore en train de fermer le site de Flins (70 ouvriers sur le site de Renault-Flins dans les Yvelines). La fermeture a été plusieurs fois reportée depuis l'an dernier suite à une grève. Pourtant, la direction annonce qu'elle va maintenant licencier 250 personnes d'ici 2013, et fermer le site de Carvin. Tout le monde est donc très inquiet, d'autant plus que de nombreuses familles travaillent à plusieurs dans l'usine.

Le groupe américain a fait, malgré la crise, 128 millions de dollars de bénéfices en 2009. Comme dans toute la filière automobile, les patrons n'arrêtent pas de « comprimer les coûts », comme ils disent.

Jeudi, la grève était toujours aussi unanime. Il y avait du monde sur les piquets, des salariés de Gondecourt et de Carvin mais aussi de Harnes (essentiellement des ingénieurs). Tous étaient contents car la grève commençait à bloquer plusieurs « clients » faute de planches de bord et autres pièces venant de Visteon : Renault Flins, Volvo à Gand (qui avait déjà été bloqué il y quelques semaines par la grève de Faurecia à Auchel), Sevelnord (Peugeot) près de Valenciennes, Renault Douai.

Du coup, un accord a été trouvé jeudi après-midi. La direction parlait d'une augmentation globale de 4,9 %, donc proche de 5 %. En fait, c'est une augmentation générale de salaire de 2,9 % pour les non-cadres et de 2,2 % pour les cadres, à laquelle s'ajoutent des promesses de primes, soit au minimum 50 euros net environ de plus par mois. Les jours de grève seraient pris sur des RTT ou récupérés.

Tout le monde a donc repris, content d'avoir exprimé son ras-le-bol envers la direction. Certains regrettent cependant que seule l'équipe d'après-midi ait été consultée sur l'accord ; quelques-uns font remarquer que les promesses sur les primes sont aléatoires. Et surtout, comme les constructeurs automobiles commençaient à être à l'arrêt, beaucoup pensent qu'avec un peu de persévérance on aurait pu avoir davantage.

Néanmoins, la majorité des salariés sont contents d'avoir fait bloc, de s'être battus tous ensemble, côte à côte. Et cette solidarité, c'est ce qui est important pour résister à cette direction qui n'en a jamais assez.

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