Salaires des enseignants : Une promesse d'augmentation en trompe l'oeil31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires des enseignants : Une promesse d'augmentation en trompe l'oeil

Invité du Grand Jury RTL-Le Monde, Luc Chatel, le ministre de l'Éducation, a promis à une partie des enseignants une augmentation de salaire à la rentrée scolaire 2010.

Cette annonce a toutes les chances d'être ressentie à double titre comme une provocation. D'une part, elle ne concernera, si elle est appliquée, que les 20 000 enseignants débutants, qui verraient leur salaire de départ - un des plus faibles d'Europe - augmenté, selon le concours obtenu, de 157 ou 259 euros par mois ; quant aux 170 000 plus récemment recrutés, d'une ancienneté inférieure à sept ans, ils toucheraient une « revalorisation » de 55 euros par mois. En ce qui concerne la grande majorité des enseignants, les 667 300 autres, il leur faudrait, comme pour tous les salariés de la fonction publique, se contenter du ridicule 0,5 % annoncé pour juillet 2010 par leur ministre Éric Woerth, alors qu'il prévoyait lui-même une inflation de 1,2 %. Enfin, dans le projet annoncé par Chatel, il n'est même pas question des dizaines de milliers de contractuels, vacataires ou auxiliaires, laissés pour compte sur la stabilité de l'emploi comme sur le salaire. Oubliés, eux aussi, alors qu'ils comblent bien souvent les déficiences d'un système grippé par l'accélération des suppressions de postes.

Mais l'aspect choquant de la « revalorisation » à la sauce Sarkozy/Chatel est aussi dans son côté « charognard » : ces augmentations ciblées auraient lieu au détriment de toute l'Éducation nationale, puisqu'elles seraient financées par les économies dues au non-remplacement de la moitié des fonctionnaires partant à la retraite. Or ces dizaines de milliers d'emplois supprimés depuis plusieurs années se traduisent par des dégradations dans les conditions d'étude comme dans les conditions de travail, des classes fermées, des dédoublements de classes et des options abandonnés, ou encore des remplacements d'enseignants absents de plus en plus aléatoires !

Comme tous les salariés, ceux de la fonction publique ont perdu beaucoup sur leur pouvoir d'achat, gangrené par la hausse des prix : selon un calcul syndical, cette perte se chiffre à 9 % en dix ans. Nombreux dans les manifestations du 23 mars, les salariés du public réclamaient, notamment, un véritable rattrapage, par exemple 300 euros pour tous chaque mois.

Le mépris une nouvelle fois affiché par Luc Chatel pour le personnel dépendant de son ministère, à l'image de celui de Sarkozy et de son « travailler plus pour gagner plus », depuis longtemps ridiculisé par les chiffres du chômage, a de quoi alimenter le mécontentement grandissant des salariés concernés.

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