Hausse des tarifs du gaz : Racketter les utilisateurs au profit de GDF Suez31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse des tarifs du gaz : Racketter les utilisateurs au profit de GDF Suez

La hausse de 9,7 % des tarifs du gaz est scandaleuse sur le fond, car elle va pénaliser des millions d'usagers qui se chauffent, cuisinent et produisent leur eau chaude grâce au gaz. Elle l'est également par la forme.

Cela fait déjà quelques semaines que Le Figaro avait laissé entendre qu'une hausse du gaz était prévue, mais qu'elle dépendait de la décision de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). En fait, tout était ficelé avant les élections, mais les autorités se sont bien gardées de l'annoncer, pour éviter que la déroute électorale prévisible de la droite soit encore pire.

Et dès les élections passées, voilà la hausse qui surgit comme par enchantement !

La Commission de régulation de l'énergie existe depuis 2000 et est censée veiller au bon fonctionnement du marché de l'énergie, électricité et gaz. La CRE se prétend "indépendante", au motif que ses membres sont nommés pour six ans.

Indépendante ? Qu'on en juge : deux membres, dont le président, Philippe de Ladoucette (ex-PDG des Charbonnages de France), sont désignés par le gouvernement. Deux autres par le président de l'Assemblée nationale, deux par le président du Sénat et un par le président du Conseil économique et social. À ces sept « grosses légumes », particulièrement sensibles aux désirs des patrons et gros actionnaires du secteur de l'énergie, sont venus s'ajouter deux membres censés représenter les consommateurs : l'un est un dirigeant de l'Association syndicale des familles et l'autre est un des dirigeants de la CGT. Mais bien évidemment ces deux derniers ne sont là que pour servir de caution aux décisions des sept autres. Et, sur les neuf en tout, remarquons qu'il n'y a que des hommes. Bonjour la parité !

Jusqu'à une date récente, la CRE ne faisait qu'émettre des avis à propos des hausses du gaz, et c'était le gouvernement qui décidait en dernier ressort. Il est arrivé à plusieurs reprises que, face à des demandes d'augmentations des tarifs, le gouvernement ait imposé qu'elles soient limitées. D'ailleurs depuis, GDF Suez se plaint régulièrement d'avoir subi un manque à gagner à cause des interventions de l'État.

Cette fois, c'est la CRE qui a accordé « librement » ce que GDF Suez demandait. Ce qui est une autre façon de reconnaître que la privatisation de GDF est absolument entérinée. Rappelons que GDF a été cédé à Suez, mais que le gouvernement avait prétendu qu'en détenant 35,7 % du capital de GDF Suez il conservait une « minorité de blocage », avec la possibilité d'intervenir sur les tarifs.

Eh bien cette possibilité de limiter des hausses, l'État y a renoncé. La boucle est bouclée, GDF Suez fait maintenant ce qu'il veut, sous réserve de l'accord, obtenu sans difficulté, de la CRE, qui a accepté et la date et le montant qu'on lui demandait.

Les justifications invoquées, hausse du cours du pétrole, augmentation des frais d'entretien, sont autant de raisons affirmées en fonction des circonstances, sans qu'aucun contrôle des comptes soit possible.

En réalité, le problème de GDF Suez c'est que, suite à la crise qui frappe notamment les industriels, les bénéfices ont diminué en 2009, passant à 4,47 milliards d'euros, contre 6,5 milliards l'année d'avant. D'où la volonté de l'entreprise de réaugmenter ses profits.

La hausse du prix du gaz n'a pas d'autre but : faire payer des millions d'usagers pour remplir les coffres des gros actionnaires de GDF Suez. Et l'État, en ayant d'abord cédé GDF à Suez et en laissant ensuite les mains libres aux deux compères unifiés, est complice de ce mauvais coup contre la population.

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