Dijon : Grève à l'usine de composants électroniques TPC31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dijon : Grève à l'usine de composants électroniques TPC

Depuis lundi 22 mars, l'ensemble de l'usine (450 personnes) est en grève. Les portes n'ont pas été bloquées par les grévistes, mais près de 75 % du personnel, toutes catégories confondues (employés des services, techniciens des méthodes, ouvriers de fabrication, voire même l'encadrement), se sont mis en grève pour une augmentation de 10 %.

Ils bloquent ainsi pratiquement toute la production, d'autant plus que les non-grévistes, trop peu nombreux pour faire tourner l'usine, assistent eux aussi aux assemblées générales de la grève. Dès les premiers jours, les camions s'en sont retournés faute de personnel pour les décharger, et aujourd'hui plus un seul camion ne se présente aux portes.

Ce n'est pas la première grève qui éclate dans cette entreprise, mais c'est certainement la plus unanime. En fait, au-delà des salaires, l'ensemble du personnel, à tous les niveaux, est lassé de la politique de la direction, surtout depuis que l'usine a été rachetée par le trust américain AVX. Un trust qui se vantait d'être un trust industriel, avec des patrons engagés dans l'industrie, mais dont une bonne part est constituée, comme il se doit, par des fonds de pension et dont la stratégie industrielle consiste à acheter des entreprises dans le but de détenir le monopole sur le marché. Et cette politique, plus financière qu'industrielle au final, se traduit au niveau de la production par des comportements complètement erratiques : des transferts d'ateliers pour la Tchéquie, pour la Chine, pour le Mexique, après la Malaisie et l'Inde, des démontages de machines qui vont avec ces transferts, des remontages de machines avec la création de nouveaux ateliers, du chômage technique, des licenciements d'intérimaires, tout cela après avoir fermé deux usines de la région en rapatriant une toute petite partie du personnel sur Saint-Apollinaire (Dijon).

Les travailleurs sont lassés du discours permanent qui leur est servi : « Vous êtes une goutte d'eau dans l'empire AVX et c'est tout juste si les seigneurs savent que vous existez. Alors contentez-vous de ce que vous avez. » Toutes les économies sont bonnes à faire : les ordinateurs, les machines, aucune dépense n'est possible, à aucun niveau. Par contre, il leur est demandé de faire plus avec bien moins de moyens. Ils en ont assez qu'on leur dise que c'est presque un cadeau qu'on les garde encore. Alors que dans le même temps, dans un communiqué de presse, la direction AVX publiait les chiffres du dernier trimestre 2009, en très forte augmentation : l'action est passée de 0,14 à 0,24 dollar, les dividendes distribués aux actionnaires à 6,8 millions de dollars.

En fait, ce trust fait partie de l'empire galactique (comme dit le directeur de TPC) de Kyocera, dont les avoirs sont incalculables. Et c'est sans doute pour rester dans cette galaxie que le premier acte des grévistes a été d'informer par mail toutes les usines du trust. Ce qui a eu pour résultat :

1- de faire réagir les Tchèques et les Chinois, qui se plaignent de n'avoir pas été augmentés depuis deux ans au moins ;

2- de faire s'arracher les cheveux à la direction de TPC, qui s'est fait engueuler par le PDG du groupe ;

3- ce qui l'a entraînée à bloquer tout le réseau Internet de l'usine, empêchant toute utilisation pour les commandes, le courrier, les relations avec la clientèle. Et c'est ainsi que la direction TPC a rendu la grève totale, et qu'elle a elle-même décidé de recevoir ses clients à l'extérieur de l'usine.

À l'heure actuelle, les travailleurs ont choisi de faire des collectes auprès de l'ensemble des travailleurs de l'agglomération, en expliquant qu'ils s'attendaient à la stratégie du pourrissement et que, s'il faut durer, ils dureront...

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