ArcelorMittal : Les comptes fantastiques d'un géant mondial de l'industrie31/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2174.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

ArcelorMittal : Les comptes fantastiques d'un géant mondial de l'industrie

ArcelorMittal, numéro un mondial de l'acier, a coup sur coup ces dernières semaines publié des comptes et annoncé des décisions qui montrent, plus que de longs discours, ce que font ces groupes riches à milliards.

ArcelorMittal, c'est plus de 280 000 salariés dans le monde, 75 000 en Europe et encore 25 000 en France. Le groupe s'est dit victime de la récession économique. C'est certain, son chiffre d'affaires a chuté en un an de près de 48 %. Alors, cela irait-il mal pour les patrons d'ArcelorMittal ? Eh bien pas du tout, c'est même le contraire : on n'en revient pas de ce qu'ils ont réussi à mettre de côté dans une telle tourmente.

Dans un communiqué, Lashki Mittal, le patron, a publié les résultats de l'entreprise. Certes, les bénéfices déclarés au bilan ne seront que de quelques centaines de millions d'euros, mais Lashki Mittal annonce fièrement qu'en à peine plus d'un an, « depuis le début de la crise économique mondiale », c'est-à-dire depuis octobre 2008, le groupe a réussi à mettre de côté 13,7 milliards de dollars (environ dix milliards d'euros) et à alléger d'autant l'endettement du groupe.

Le « miracle » s'est fait sur la peau des salariés : le plan de réduction d'emplois engagé en Europe pour 9 000 salariés en a finalement touché 36 000, soit quatre fois plus. Cette frénésie de fermetures et de suppressions d'emplois a été tellement forte qu'ArcelorMittal a été obligé de rouvrir une usine en Lorraine, promise à la casse, de rouvrir des lignes de fabrication et de faire appel à du personnel supplémentaire dans des usines, comme à Mardick dans le Nord et à Montataire dans l'Oise. Mais en même temps, non seulement les suppressions d'emplois engagées continuaient, mais le groupe a annoncé encore un nouveau plan de suppressions d'emplois, qui selon les syndicats devrait toucher au moins dix mille personnes.

Mais deux nouvelles successives ont encore concerné, ces derniers jours, le groupe et l'industrie sidérurgique.

Début mars, dans une conférence de presse des patrons de la sidérurgie européenne, ArcelorMittal et le géant allemand Thyssen ont protesté en choeur contre « le diktat », disaient-ils, des possesseurs de mines de fer, qui s'apprêtaient à leur imposer des augmentations du prix du minerai de 90 à 100 %, « ce qui allait nous obliger », disaient-ils, à augmenter en conséquence les prix de l'acier. Mais quelques jours plus tard on apprenait que le groupe ArcelorMittal, qui possède lui-même des dizaines de mines de fer dans onze pays, avait décidé d'augmenter fortement sa production de minerai, comptant d'ailleurs assurer plus de 70 % de ses besoins dans les cinq ans à venir. Qui donc profitera du « diktat » des possesseurs de mines ? Eh bien c'est Arcelor lui-même. On ne sait pas ce qu'il en est pour Thyssen ; c'est peut-être la même chose, ne serait-ce que par le biais de ses participations financières.

ArcelorMittal compte donc rançonner tout le monde dans l'avenir, il ne s'en cache pas. Alors, qui dira qu'il ne faudrait pas contrôler tous les comptes de ces géants de l'industrie et les empêcher de nuire ? Car ce qu'on apprend là n'est certainement qu'une petite partie de la vérité.

Partager