Turquie : Tekel, La lutte continue03/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2170.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : Tekel, La lutte continue

La lutte des 12 000 travailleurs du secteur du tabac appartenant au monopole d'État Tekel, commencée mi-décembre, continue deux mois et demi après avec la même détermination. Ceux-ci, venant de différentes villes de Turquie, avaient alors occupé le centre-ville de la capitale Ankara, installant leurs tentes sur les trottoirs. Ils campent toujours au même endroit, malgré le froid, la pluie, la neige... et les menaces gouvernementales.

Un élan de solidarité sans précédent soutient ces travailleurs, dont un des slogans est « plutôt mourir que de capituler ». Ils luttent contre une privatisation qui leur ferait subir de grosses pertes de salaire suite à la perte de leur statut de fonctionnaire, risquant aussi de se retrouver rapidement sans travail, comme cela s'est passé pour environ 50 000 travailleurs dans d'autres secteurs du monopole d'État depuis 2004.

Ces 12 000 travailleurs du tabac poursuivent malgré toutes les difficultés un combat acharné. Par exemple plusieurs centaines de travailleuses ont confié leurs enfants à des proches, avant de faire des centaines de kilomètres et de s'installer pour plusieurs semaines dans les rues d'Ankara. La population de la ville leur apporte son soutien. Dès le lendemain d'une déclaration télévisée du Premier ministre affirmant que l'occupation du centre-ville par les manifestants gênait la population et les commerçants, on a pu voir également à la télévision lesdits commerçants et habitants venir soutenir les occupants et leur apporter des services gratuits.

De même des dizaines de personnalités connues du spectacle se sont déplacées à Ankara pour soutenir les travailleurs de Tekel. Alors même que le Premier ministre les invitait à une grande rencontre médiatisée, ils l'ont refusée en faisant bien savoir pourquoi. Enfin, une journée nationale de solidarité a été organisée par les grandes confédérations syndicales, bien que le Premier ministre ait déclaré un tel mouvement illégal et susceptible de sanctions.

Des ministres se sont relayés pour essayer de discréditer le mouvement par diverses calomnies, disant qu'il était manipulé par des groupes extrémistes, voire par des terroristes du PKK. En vain... Un ministre d'État a même dû présenter des excuses publiques à ce propos, disant qu'il avait été mal compris. Le gouvernement Erdogan avait proféré plusieurs menaces d'intervention policière, en fixant comme date limite le 28 février. Mais début mars, il n'a toujours pas osé intervenir.

Après ce mouvement, même si les travailleurs de Tekel n'obtiennent pas une satisfaction totale, on pourra dire qu'ils ont contribué à changer le climat dans le pays et à encourager les autres à la lutte. Ils auront aussi contribué à mettre en évidence, aux yeux d'une partie des travailleurs et des gens modestes, de quel côté est réellement le gouvernement Erdogan. Ceux qui le pensaient différent des précédents ont pu voir que ce n'est pas le cas et que, comme les autres, il est au service des riches et du patronat.

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