Pour éviter la catastrophe, il faut exproprier les banquiers12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour éviter la catastrophe, il faut exproprier les banquiers

Une nouvelle tempête financière secoue l'économie capitaliste mondiale. Après plusieurs semaines de hausse, les actions en Bourse se sont mises à baisser, le taux de change entre monnaies fait le yoyo et les titres représentant les dettes des États s'affolent. Et tout cela, alors que ministres et commentateurs s'époumonent à affirmer que la crise était en passe de se terminer.

Cela était de toute façon un mensonge, car les licenciements et les fermetures d'entreprises n'ont jamais cessé, signe que l'économie productive, celle qui crée les biens matériels, celle qui compte, n'avait pas du tout repris.

La reprise n'était que celle des bénéfices des grandes entreprises et des banques ou des profits boursiers. Elle ne concernait que la seule classe capitaliste.

Mais, ce coup-ci, la finance menace le monde d'une nouvelle crise. Le mécanisme fondamental en est limpide. Pour sauver les banquiers et le profit des entreprises, les États leur ont distribué des milliards d'euros ou de dollars. Non seulement ils ont pris cet argent sur ce qui aurait dû être consacré aux services publics, mais ils se sont aussi endettés pour des montants sans précédent.

Et l'argent encaissé par les capitalistes n'a pas été consacré aux investissements productifs, à de nouvelles usines, de nouvelles machines, à des créations d'emplois. Il n'a servi qu'à des opérations financières, c'est-à-dire à la spéculation. Et, en ce moment, surtout à la spéculation sur les titres qui représentent les dettes des États.

Tous les États sont endettés jusqu'au cou. Les États les plus riches, États-Unis en tête, ont beau être plus endettés que les États moins riches, on prête plus facilement aux premiers qu'aux seconds. On fait aussi plus confiance quant à leurs capacités à rembourser leurs dettes.

Jouer sur la confiance qu'inspirent les États est devenu la dernière spéculation à la mode. Après les entreprises et les actions en Bourse, ce sont aujourd'hui les États et les titres représentant leurs dettes qui sont devenus le principal objet spéculatif des marchés financiers. Derrière cette expression neutre de « marchés financiers », il y a de grandes banques bien identifiées, il y a des fonds spéculatifs, qui spéculent avec l'argent des entreprises et de riches particuliers.

Les spéculateurs se sont attaqués à ce qu'ils considèrent comme le maillon faible des États qui font partie de la zone euro : la Grèce. Les prochaines cibles annoncées sont l'Espagne, le Portugal et l'Irlande.

En pariant sur la faillite d'un État, les spéculateurs contribuent à la provoquer. Ils savent que c'est dangereux. Mais ils s'en moquent, du moment que cela leur rapporte ! Le résultat de tout cela est que la monnaie commune, l'euro, a perdu en quelques semaines 10 % de sa valeur par rapport au dollar. Il n'est pas impossible que l'euro lui-même éclate sous les coups des opérations spéculatives.

Personne ne sait jusqu'où ira cette nouvelle crise financière. Personne ne peut non plus l'arrêter, pour la bonne et simple raison qu'il faudrait interdire les spéculations, c'est-à-dire ce qui rapporte le plus aux propriétaires de capitaux. Aucun gouvernement ne le fera, parce qu'ils sont tous au service des banquiers, des propriétaires et des actionnaires des grandes entreprises.

Les banquiers ont conduit l'économie mondiale au bord de la catastrophe, avant d'être sauvés avec l'argent des États. À peine sauvés, ils ont recommencé à spéculer. Et la nouvelle catastrophe qu'ils préparent sera peut-être plus grave que la précédente.

La seule façon de mettre les banquiers hors d'état de nuire, c'est de les exproprier sans indemnité ni rachat. Si l'économie a besoin des banques, elle n'a pas besoin des banquiers. Il faut soumettre l'activité bancaire au contrôle de la population. Et, bien sûr, il faut récupérer les sommes fantastiques que l'État a mises à leur disposition. Il faut consacrer ces sommes à la création d'emplois par l'État dans les hôpitaux, l'Éducation nationale, les transports publics et à un service public chargé de construire le million de logements qui manquent aux mal-logés et aux sans-logis. La survie de la société en dépend.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprises du 8 février

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