Italie : Le chantage de Fiat... aux dépens des ouvriers03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Le chantage de Fiat... aux dépens des ouvriers

Le 25 janvier le PDG de Fiat Sergio Marchionne a annoncé que l'entreprise mettra au chômage partiel pour deux semaines, à la fin février, 30 000 ouvriers dans toute l'Italie. La raison en serait la chute des commandes de voitures du fait de la fin des mesures d'incitations à l'achat telles que la prime à la casse. Marchionne fait ainsi pression sur le gouvernement italien au moment où celui-ci étudie comment prolonger les aides aux industriels de l'automobile, c'est-à-dire avant tout à Fiat.

Ce chantage ne s'adresse pas seulement au gouvernement, mais aussi et avant tout aux ouvriers. Ce sont eux qui en feront les frais avec une perte de 200 à 300 euros sur leur salaire en conséquence du chômage partiel. Ils sont aussi les premiers visés par les menaces de la direction qui montre que son premier objectif, en cas de diminution de la production, sera de maintenir quoi qu'il arrive les bénéfices de l'entreprise, aux dépens des ouvriers touchés par le chômage partiel et peut-être les licenciements. La direction l'a montré aussi en annonçant le versement de 237 millions de dividendes aux actionnaires, malgré les pertes enregistrées en 2009 : pour eux les profits, pour les ouvriers les pertes sur un revenu déjà plus qu'insuffisant, on ne peut être plus clair.

La menace est encore plus précise pour les ouvriers de l'usine sicilienne du groupe, à Termini Imerese près de Palerme. Marchionne a déclaré que de toute façon Fiat ne pourra plus produire dans cette usine car la production d'une voiture y coûterait mille euros de plus que dans les autres usines, ce que Fiat ne pourrait pas se permettre. Étrange et tardive découverte quant à cette usine, construite entre autres avec d'importantes aides de l'État et de la région Sicile. Il y a des années que Fiat y produit des voitures, et ce n'est pas à perte. Mais ainsi le groupe laisse entendre que donner du travail à des ouvriers dans cette région marquée par le chômage ne serait qu'une opération d'assistance... à moins qu'il ne veuille suggérer que, pour continuer, il faut lui verser de nouvelles aides !

Le comble a été lorsque le 27 janvier le groupe a répondu par un véritable lock-out aux travailleurs de l'entreprise de sous-traitance Delivery Mail qui occupaient les toits de l'usine sicilienne. Dix-huit ouvriers protestaient ainsi contre leur licenciement, décidé après que Fiat ait mis fin au contrat de sous-traitance de cette entreprise de nettoyage industriel. La direction a alors décidé de suspendre le fonctionnement de l'usine, sous prétexte que les manifestations de soutien aux licenciés avaient bloqué l'arrivée des poids lourds et donc des fournitures pour les chaînes de montage. La production n'a repris que le 1er février lorsque les travailleurs ont reçu l'assurance qu'ils seraient pris en charge pour 18 mois par la caisse de chômage partiel (cassa integrazione).

L'intention évidente était d'opposer les ouvriers Fiat aux ouvriers de la sous-traitance, de même que les ouvriers des différents établissements Fiat entre eux, sous prétexte qu'une usine serait moins rentable que d'autres. Et c'est en ayant ainsi fait monter la tension que Fiat a commencé ses négociations avec le gouvernement pour l'obtention de nouvelles aides.

Le 3 février, une journée de grève était prévue sur l'ensemble du groupe Fiat. Et en effet les travailleurs ne peuvent accepter ces chantages faits avec leur peau. Durant ces années, Fiat et les actionnaires ont encaissé des profits énormes grâce à leur travail. Aujourd'hui cet argent doit servir à garantir le salaire de tous les ouvriers, qu'ils soient de Fiat ou des entreprises sous-traitantes, et cela sera plus utile que toutes les spéculations en Bourse faites avec cet argent. Il s'agit de sauver les conditions de vie de dizaines de milliers d'ouvriers et de leur famille. Aucune usine Fiat ne doit fermer, les productions doivent être redistribuées entre tous les établissements sans diminution de salaire, et les licenciements interdits !

Ces exigences sont une simple nécessité dans cette période de crise, pour les travailleurs de Fiat comme pour tous les autres. C'est ce que montre au même moment la lutte des travailleurs de l'usine d'aluminium Alcoa, à Portovesme en Sardaigne, contre la fermeture programmée de cette usine qui laisserait 2 000 personnes sur le carreau.

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