Interruption volontaire de grossesse : Après les discours ministériels, la réalité des restrictions03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Interruption volontaire de grossesse : Après les discours ministériels, la réalité des restrictions

« L'IVG (interruption volontaire de grossesse) doit être une composante obligatoire de l'offre de soins ». Quand on sait que cette phrase a été prononcée par Roselyne Bachelot, il y a de quoi s'étonner. Car si la ministre n'est pas avare de paroles, elle restreint « l'offre de soins », comme elle dit, par des fermetures d'hôpitaux, des fusions de services avec une réduction du personnel, et des pressions pour rentabiliser les établissements !

La ministre reconnaît que la tarification actuelle fixe un montant trop bas des versements de la Sécurité sociale aux hôpitaux pratiquant les IVG. De fait, il est souvent en dessous du prix coûtant. En conséquence, comme le souligne le Mouvement pour le planning familial, « certains établissements se détournent de l'IVG chirurgicale. Aujourd'hui en Île-de-France, il faut attendre trois semaines pour une prise en charge ». Ce que ne nie pas la ministre.

Le mouvement constate aussi de fortes disparités régionales pour l'accès aux IVG médicamenteuses réalisées à moins de cinq semaines de grossesse. Mais qui est en train de creuser les inégalités d'accès aux soins, non seulement entre les régions, mais aussi entre riches et pauvres ? « Je vais demander aux Agences régionales de santé de mailler le territoire pour que toutes les femmes puissent bénéficier d'une prise en charge précoce », poursuit Bachelot. Mais quel est le rôle de ces Agences régionales nouvelle mouture que vient de créer le gouvernement, si ce n'est de restreindre encore les dépenses de santé ?

Bachelot prétend aussi mettre en place de nouvelles actions de prévention de l'IVG par une large information sur la contraception, et se propose de « mobiliser les médecins et infirmières scolaires ». Il est facile de parler ainsi ! Mais dès lors qu'un seul médecin a en charge des milliers d'élèves, cela revient à du bavardage, qui laisse les jeunes filles livrées à elles-mêmes, voire à l'influence de curés ou de « grands frères ».

L'accès à la contraception et à l'IVG pose toujours problème. Certes la mentalité réactionnaire de certains médecins n'y est pas pour rien. Mais cet obstacle pourrait être contourné si « l'offre de soins » dont parle Bachelot, en particulier dans l'Éducation nationale, permettait d'expliquer et de développer vraiment la contraception. Mais pour cela, il faudrait des moyens matériels et humains que le gouvernement refuse de mettre en oeuvre.

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