Espagne - Plan d'austerité et retraite à 67 ans : De nouvelles attaques contre les travailleurs03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - Plan d'austerité et retraite à 67 ans : De nouvelles attaques contre les travailleurs

Le gouvernement socialiste espagnol a annoncé le 29 janvier dernier, d'abord par la bouche de son président Zapatero puis par ses ministres, la politique qu'il entend mener dans le contexte de crise économique aggravée depuis l'année dernière. Au plan d'austérité, « qui comporte des efforts et des sacrifices » pour réduire les dépenses publiques, s'ajoute un projet de réforme des retraites dont la mesure la plus marquante est l'allongement de deux ans de l'âge légal de départ, qui passerait de 65 à 67 ans.

L'éclatement il y a plus d'un an de la bulle immobilière a eu des conséquences immédiates sur l'emploi. Le patronat, pour maintenir ses profits, a licencié sans état d'âme. Ainsi en 2009, il y a eu 1 118 600 chômeurs en plus, leur nombre atteignant aujourd'hui les 4 326 500, près de 19 % de la population active ! Il y a 1 220 000 foyers où tous les adultes sont au chômage. La politique de soutien des profits des groupes capitalistes dans cette récession a par ailleurs aussi malmené les finances publiques dont le déficit atteint maintenant 11,4 % du PIB. (150 milliards ont été mis « à la disposition » du système financier, 9 milliards donnés au secteur automobile pour encourager les ventes sans compter les cadeaux fiscaux).

Zapatero parle aujourd'hui d'assainir les finances pour relancer l'économie. Elena Salgado, ministre de l'Economie et des Finances, vient donc de présenter le plan d'austérité approuvé par le Conseil des ministres pour réduire les dépenses de l'État de 50 milliards d'euros d'ici 2013, payer en partie la dette et ses intérêts et ramener ainsi le déficit à 3 % du PIB, exigence des marchés financiers afin de pouvoir renégocier la dette. Ce plan compte, en plus des 8 milliards déjà prévus pour le budget 2010, 5 milliards qui doivent être tranchés dans les budgets déjà établis des ministères. Le gouvernement promet une « économie » de 40 milliards en personnels et investissements de la fonction publique. Le reste incomberait aux communes et régions... Cette coupe va toucher tous les secteurs, tous les projets ou presque ; seul un poste vacant sur dix sera remplacé. Pour les salariés du public, c'est un surcroît de travail annoncé et pour les masses populaires une dégradation des services publics.

On comprend que Zapatero ait précisé qu'en 2010 la relance ne se verra ni dans la réalité sociale ni dans la création d'emplois !

Mais les mauvais coups ne s'arrêtent pas là. Zapatero veut s'en prendre aussi aux retraites au nom de la « responsabilité envers l'avenir de l'Espagne », du courage, en quelque sorte qu'il revendique en rappelant que les retraites ne sont pas menacées dans les prochaines années et qu'il aurait pu laisser au gouvernement qui sera en place en 2020 le soin d'une réforme ! Le « courage » serait donc d'après lui d'anticiper des mesures consistant à faire payer les travailleurs sous prétexte de sauver les retraites ! Le ministre du Travail, Celestini Gorbacho, a eu l'occasion de rappeler que la Sécurité sociale qui gère la santé et les retraites a des comptes « magnifiques » et jouit d'une « santé de fer » avec un excédent en 2009 de 8,5 milliards et un fonds de réserve qui dépasse les 60 milliards. Mais son gouvernement, comme ses homologues dans le monde, n'a de cesse de répéter que cette situation ne peut perdurer avec le vieillissement de la population et que les régimes de retraites doivent être revus, bien sûr mais sans jamais toucher aux intérêts des capitalistes.

Devant le tollé provoqué par l'annonce du recul de l'âge de retraite à 67 ans mais aussi l'intention de revenir sur le mode de calcul du montant des pensions, Zapatero se veut rassurant : la réforme ne s'appliquerait pas avant 2013, et d'ici là, place à la discussion car rien ne se fera sans l'accord des syndicats et des entrepreneurs.

Les syndicats comme l'UGT et les Commissions Ouvrières ont affirmé leur opposition à ces mesures, se contentant cependant d'expliquer qu'elles doivent d'abord passer par le débat parlementaire et surtout par la commission du Pacte de Tolède, commission mise en place il y a une quinzaine d'années qui légifère sur la régulation des retraites et regroupe les principaux partis et syndicats. D'après eux, ils devraient refuser la réforme puisque l'unanimité est nécessaire. « Ce n'est qu'à ce moment, si le plan n'est pas modifié que nous deviendrons belligérants », ont annoncé les syndicats. Ils sont sans doute en fait prêts à bien des reculs, comme toute leur politique l'a démontré jusque-là.

Reste la réaction des travailleurs qui payent déjà lourdement la crise, et qui n'ont pas encore dit leur dernier mot.

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