Belgique - La manifestation du 29 janvier à Bruxelles : Faire face à la vague de licenciements03/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2166.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique - La manifestation du 29 janvier à Bruxelles : Faire face à la vague de licenciements

36 000 manifestants d'après les syndicats, 26 800 d'après la police, ont défilé à Bruxelles vendredi 29 janvier en fin de matinée à l'appel des trois syndicats, FGTB (socialiste), CSC (chrétien) et CGSLB (libéral). C'est un chiffre non négligeable vu le court délai de six jours laissé par l'appel. C'était la première mobilisation au niveau national depuis l'éclatement de la crise en 2008.

En tête de cortège, des travailleurs d'Opel-Anvers qui viennent d'apprendre que GM a programmé la fermeture de leur usine, en queue ceux de la brasserie AB Inbev qui viennent d'obtenir la suspension de 263 licenciements dans une entreprise qui a fait 2,7 milliards d'euros de profits en 2009 et dont 30 % des actions appartiennent à trois richissimes familles de la bourgeoisie belge.

C'était la base syndicale, notamment de Flandre, où les licenciements pleuvent depuis un an, qui étaient présente. Les manifestants venaient des grandes entreprises sous le feu de l'actualité, mais beaucoup aussi des plus petites où des licenciements se comptent « seulement » par dizaines, mais s'additionnent en une catastrophe sociale qui équivaut à la fermeture d'une grande entreprise.

Les discours des directions syndicales avant le démarrage du cortège ont été écoutés attentivement par quelques milliers de manifestants. Ils commençaient sur un ton inhabituel, relativement radical, par une dénonciation des profits amassés sur le dos des travailleurs dans les entreprises qui profitent d'avantages fiscaux importants, d'aides publiques et qui licencient quand même, ce qu'on n'allait « plus tolérer ».

Mais les dirigeants syndicaux se sont bien gardés de parler de prendre sur les profits, pourtant la condition nécessaire s'ils voulaient vraiment imposer la création d'emplois et réaliser la justice sociale qu'ils réclament.

Après, les orateurs faisaient une nette distinction entre ces patrons qui « confondent l'économie avec un casino » et les autres, les vrais entrepreneurs qui aiment leurs entreprises et leurs travailleurs ; entre les patrons qui mettent en danger le dialogue social et ceux qui discutent avec les syndicats. Les applaudissements étaient plutôt hésitants, beaucoup de travailleurs devaient se demander dans quelle catégorie ils devaient classer leur propre patron, et à partir de quel degré de « non respect » on a le droit de se défendre...

En fait les dirigeants syndicaux s'adressaient plus aux patrons qu'aux manifestants. Cette manifestation servait avant tout à démontrer la capacité de mobilisation des syndicats, pour impressionner et convaincre les patrons de revenir à la table des négociations.

Effectivement, depuis plusieurs années, les patrons ne jouent plus le jeu de la « concertation sociale », chère aux syndicats. Les patrons ne font même plus les quelques concessions formelles et symboliques, qui permettaient aux dirigeants syndicaux de justifier des jours et des jours de négociations. Quant à impressionner les patrons, ceux-ci savent très bien que les dirigeants syndicaux ne souhaitent pas réellement mobiliser les travailleurs.

Tous ces discours ne passaient pas bien auprès des manifestants, le seul moment vraiment applaudi fut celui où les travailleurs d'Inbev scandaient « tous ensemble ».

Se défendre tous ensemble contre les attaques patronales, c'est ce qui serait nécessaire, et si les manifestants ont une chose à retenir de cette manifestation, c'est qu'il ne faut pas trop compter sur les directions syndicales pour le faire.

Partager