La Poste - Angers (Maine-et-Loire) : Des attaques... et des réactions06/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2162.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Angers (Maine-et-Loire) : Des attaques... et des réactions

Dans le Maine-et-Loire, La Poste emploie près de 2 500 travailleurs. Ces dernières années, comme dans toutes les régions, nous avons subi des « réorganisations » incessantes, synonymes de fermetures de bureaux, de suppressions d'emplois et d'alourdissement de la charge de travail, au nom de la course à la rentabilité. En effet, en 2011, la distribution des plis de moins de 50 grammes ne sera plus le monopole de La Poste et la direction tire argument de cette prochaine « ouverture à la concurrence » pour tenter de nous imposer recul sur recul. À Angers même, au cours de l'année 2009, le rythme des attaques n'a pas ralenti, loin de là.

DES AGRESSIONS EN SERIE...

Dans le plus gros centre de distribution de la ville (la Recette Principale d'Angers-La Roseraie, dite « la RP »), la restructuration si joliment appelée « Facteur d'avenir » a été mise en place à l'automne, avec à la clé la suppression de treize emplois. Depuis, c'est vraiment la dégradation des conditions de travail pour tous, les dépassements d'heures qui s'accumulent et la fatigue avec. Car la direction oblige désormais les facteurs à effectuer, en plus de leur tournée habituelle, une partie d'une autre tournée, cela deux jours par semaine (ce qu'elle appelle, dans son jargon, la « sécabilité »). Voilà qui fait des journées à rallonge, qui se terminent parfois si tard que la cantine est fermée au retour ! On nous a même inventé des semaines dites « faibles », pendant lesquelles il faut effectuer ces tournées surchargées sans paiement des heures supplémentaires.

Dans le second grand centre de distribution de la ville, St-Serge (qui regroupe, comme la RP, plus d'une centaine de travailleurs), « Facteur d'avenir » a été introduit il y a déjà plus d'un an, avec les mêmes effets sur nos conditions de travail et, au bout du compte, sur notre santé. Après avoir imposé huit semaines « faibles » en 2009, la direction laisse circuler la rumeur d'une quinzaine de semaines « faibles » pour 2010. Que cela se confirme ou non, chacun sait qu'elle tentera de nous en demander plus.

Quant au centre de tri d'Angers (le CTC), un nouveau directeur vient d'y être nommé, avec pour noble mission la transformation du centre en une « plate-forme industrielle de courrier » (ce qu'ils appellent une PIC) d'ici à juin 2011. Une PIC, c'est censé être plus moderne qu'un CTC, trier plus de courrier plus vite, grâce à l'introduction de nouvelles machines de tri ultra-performantes. Mais leur nombre a déjà été revu à la baisse par rapport aux premières annonces. Si accroissement de la productivité il y a dans les mois qui viennent, on sent bien que c'est sur le dos des postiers que la direction espère le réaliser, en faisant faire plus de travail par un nombre moins important de salariés. Elle ne cache d'ailleurs pas son intention de faire passer l'effectif du centre en dessous de la barre des 250, notamment en incitant ceux d'entre nous qui ont le statut de fonctionnaire à rejoindre d'autres branches de la fonction publique, voire en poussant à des départs en retraite anticipée.

Sur les trois sites d'Angers, c'est donc partout le même constat : suppressions effectives ou annoncées de postes, changements d'horaires, surcharge de travail... Heureusement, face à ces agressions, bien des réactions collectives ont eu lieu.

...QUI SUSCITENT LA COLERE

Ainsi, à la RP, « Facteur d'Avenir » n'est pas passé comme une lettre à la poste. Si la grève d'une semaine menée fin septembre 2009 n'a pas suffi à faire reculer significativement la direction, des assemblées générales nombreuses se sont tenues fin novembre à l'appel des syndicats. Nous avons décidé de lister tout ce qui ne va pas, position de travail par position de travail, afin de présenter nos doléances à la direction dès le début de l'année 2010. Du côté des facteurs paquets, la quantité de travail a été tellement élevée au moment des fêtes de fin d'année que la direction a d'elle-même renoncé à mettre en place sa « sécabilité » - une décision provisoire qu'il serait bon d'inscrire dans la durée. Quant aux facteurs lettres, ils ont à plusieurs reprises refusé de prendre, en plus de leur tournée normale, la partie dite « sécable », en particulier certains mardis où la quantité de courrier à distribuer était à l'évidence écrasante, et ce malgré le mélange de pressions et de tentatives pour nous amadouer dont la direction s'est fait une spécialité.

À Saint-Serge, la dernière grève (celle du 24 novembre 2009) a été la mieux suivie depuis celle de novembre 2008 contre la « restructuration », car personne ne voit d'un bon oeil la multiplication annoncée des semaines « faibles ».

Enfin, au centre de tri, nous avons donné récemment un peu de fil à retordre au nouveau directeur. En décembre 2009, la direction a en effet cherché à se débarrasser d'un camarade reconnu « inapte ». Du jour au lendemain, sans lui demander son avis, elle l'a muté au centre de tri d'entraide de Saint-Barthélemy (où le sous-effectif est là aussi chronique). Très vite, c'est à plusieurs dizaines que nous avons réclamé que le directeur vienne s'expliquer. Devant notre indignation et notre colère, la direction a reculé et le camarade a été rapidement réintégré.

Quelques jours plus tard, revancharde, la direction a décidé de priver les uns et les autres des repos habituellement accordés lors des jours de réveillon. La riposte s'est vite organisée et nous avons de nouveau obligé le directeur à se justifier publiquement. Celui-ci ne voulant rien entendre, nous avons voté la grève pour le 24 et le 31décembre. Il a finalement reculé avant que nous ayons besoin de mettre notre menace à exécution.

Bien sûr, ce sont encore des ripostes dispersées et chacun voit bien que, pour enrayer la machine à dégrader les conditions de travail, il faudrait que les postiers unissent leurs forces non seulement à l'échelle de toute la ville, mais de tout le pays. Mais en réagissant, nous montrons au moins que nous n'acceptons pas les coups tordus qui se trament actuellement. Et c'est déjà un encouragement et une préparation à une riposte de plus grande ampleur.

Partager