Sécurité sociale : Détournement de fonds au profit du patronat23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : Détournement de fonds au profit du patronat

30,7 milliards d'euros... C'est le montant des exonérations de cotisations de Sécurité sociale pour 2008. C'est aussi le montant du déficit de la Sécurité sociale prévu pour 2010. Deux records encore jamais égalés et dont l'un contribue à nourrir l'autre.

En 2008, les exonérations de cotisations de Sécurité sociale ont atteint 30,7 milliards d'euros. Ce n'est pas rien car cela représente près de 11 % du montant total des cotisations dues aux Urssaf. Et c'est de pire en pire puisque si le montant total des exonérations s'élevait à l'équivalent de 1,9 milliard d'euros en 1992 et atteignait 15,7 milliards en 2000, il a doublé depuis.

Dans sa quasi-totalité, ce détournement des fonds destinés aux caisses de Sécurité sociale est allé directement dans les poches du patronat. Il correspond en effet, à hauteur de 28,5 milliards d'euros, aux exonérations liées aux contrats aidés, aux contrats d'apprentissage, aux heures supplémentaires, aux rachats de RTT, mais aussi et surtout (plus de 21 milliards d'euros !) aux innombrables dispositifs d'exonération totale et autres allégements de cotisations sur les bas salaires accordés au fil du temps par les différents gouvernements.

D'année en année, pour justifier ces exonérations, les gouvernements ont inventé « les mesures générales d'encouragement à la création d'emplois et au pouvoir d'achat ; les mesures en faveur de l'emploi de publics particuliers ; les mesures en faveur de l'emploi dans certaines zones géographiques. » Et bien d'autres encore... On en voit aujourd'hui le résultat avec, officiellement, plus de trois millions de travailleurs privés d'emploi et près de deux millions contraints à un temps partiel. Mais le patronat, lui, se porte bien. Et il menace pour se porter mieux encore, telle la patronne des patrons, Laurence Parisot, qui a eu le culot de déclarer : « Ces allégements ne peuvent être temporaires, ce sont des baisses qui étaient nécessaires pour éviter un coût du travail qui aurait multiplié les dépôts de bilan. Si nous mettons en cause le coeur de ce dispositif, ce ne sont pas 100 000 chômeurs de plus que nous pouvons craindre dans les six prochains mois mais des millions. » Le patronat vole les caisses de la Sécu mais aspire à les voler plus encore.

Certes l'État compense les exonérations qu'il offre aux patrons en remboursant les caisses de la Sécurité sociale, mais en partie seulement, conservant chaque année une ardoise. Surtout, il rembourse d'un côté en creusant un peu plus encore de l'autre le déficit de l'État. Et il puise dans l'argent public, l'argent du public, en faisant toujours plus d'économies sur les services publics.

Quelle qu'en soit la manière, c'est à la population que les gouvernements font payer leurs cadeaux au patronat. Et c'est à la population qu'ils feront payer le « trou » de la Sécu de plus de 30 milliards en 2010 après un cadeau du même montant aux patrons en 2008 !

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