Renault condamné pour le suicide d'un salarié23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault condamné pour le suicide d'un salarié

Jeudi 17 décembre, le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Nanterre a condamné Renault pour « faute inexcusable » dans le suicide d'un de ses salariés, Antonio B, un ingénieur qui s'était donné la mort le 20 octobre 2006 en se jetant du 5e étage d'un des bâtiments du Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines).

Sa famille accusait Renault de ne pas avoir respecté ses obligations de sécurité et considérait que le stress au travail, dû aux pressions de toutes sortes auxquelles était soumis le salarié, avait directement contribué à son geste. Sa veuve avait en outre été confrontée à l'attitude odieuse de Renault qui, dans un premier temps, avait voulu faire croire que son mari s'était suicidé à cause de problèmes personnels, en prétendant qu'il était en instance de divorce, ce qui était faux.

C'est la ténacité de la veuve et des frères et soeurs d'Antonio B qui a permis dans un premier temps de faire reconnaître son décès comme accident du travail, et maintenant de faire condamner Renault. Ils ont obtenu la majoration de la rente versée à la famille et un euro symbolique d'indemnisation pour préjudice moral. Et ils ont fait reconnaître officiellement et publiquement la faute de l'employeur.

« C'est un immense soulagement, c'est une grande satisfaction après plus de trois ans de bataille, a déclaré sa veuve. On rend enfin justice à mon mari. On reconnaît ce qu'il a subi, enduré à cause de Renault. J'espère que ce sera un signal fort pour toutes les entreprises qui sacrifient tout sur l'autel de la rentabilité. » Quant à l'avocate de la famille, elle a affirmé : « Ce que j'espère est qu'on accepte enfin que l'on remette l'homme au coeur de toutes les décisions » et « cela veut dire qu'il faut cesser d'invoquer la vulnérabilité des gens pour expliquer leur geste ».

Même si cette condamnation est symbolique, et pas encore définitive, car Renault n'a pas encore décidé s'il comptait faire appel, elle était nécessaire. Dans ce suicide comme dans plusieurs autres, Renault nie sa responsabilité, alors qu'il est criant que sa course effrénée au profit se mène au mépris de la vie de ses salariés. Au Technocentre, où sont conçus et développés les nouveaux projets de véhicules, sept salariés se sont suicidés depuis 2004. Le 8 octobre, on apprenait à nouveau qu'un ingénieur avait mis fin à ses jours à son domicile. D'ailleurs deux autres suicides intervenus sur le site font l'objet de recours devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Versailles.

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