Agriculteurs : Deuxième année de baisse des revenus16/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2159.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculteurs : Deuxième année de baisse des revenus

D'après les statistiques publiées le 14 décembre par le ministère de l'Agriculture, le revenu moyen annuel d'un paysan s'établirait cette année à 14 500 euros, subventions comprises. Soit une baisse de 34 %, suivant la baisse de 20 % de l'année précédente.

Ce paysan moyen, qui gagnerait un peu plus que le smic sur sa propriété familiale, n'existe que dans les statistiques. Dans la réalité, il y a autant de différence entre un petit producteur de lait et un gros céréalier, ou le propriétaire d'un grand cru classé, qu'entre un artisan maçon et le groupe Vinci. La baisse continue du revenu moyen indique donc qu'un grand nombre de petits paysans sont étranglés et au bord de la faillite. Quelles que soient la disparité des situations et des productions, la complexité de l'attribution des subventions, des crédits et des aides, et nonobstant les discours de Sarkozy et autres sur « la paysannerie française éternelle », les petits agriculteurs subissent le sort de tous les petits entrepreneurs en temps de crise : ils trinquent. Au-delà des fluctuations, les prix qu'ils obtiennent pour leurs produits ont tendance à baisser, ceux qu'ils payent pour leurs fournitures ont, eux, tendance à augmenter et les subventions destinées à l'agriculture, dont la plus grande partie est captée par les plus grosses exploitations, ne résolvent pas leurs problèmes.

Pour l'instant, la majorité d'entre eux sont toujours propriétaires de leur exploitation, de leur matériel et de leur cheptel... mais aussi de la dette qui leur a permis de s'installer et de travailler. Jusqu'à quand ? À partir de quel degré d'endettement les banques commenceront-elles à se payer sur la bête et à exproprier leurs débiteurs, les laissant sans même une indemnité de chômage ?

Les petits paysans ne peuvent pas compter sur la mansuétude des banquiers. Pas plus qu'ils ne peuvent espérer que les centrales d'achat des grandes enseignes commerciales et les trusts de l'agro-alimentaire leur payent autre chose que le minimum. Ils ne peuvent pas attendre non plus que les marchands d'aliments pour bétail, d'engrais, de semences, de matériel agricole, qui sont tous de grands groupes capitalistes, leur fassent des cadeaux. Le gouvernement non plus ne fera rien pour eux, car il consacre toutes les ressources de l'État à subventionner les grands groupes financiers et industriels.

Si la situation actuelle se prolonge, c'est ainsi un nombre croissant de petits paysans qui seront conduits à la faillite. Au scandale des travailleurs salariés licenciés de leurs usines s'ajoute ainsi celui des travailleurs de la terre, au fond licenciés eux aussi. Tout cela pour que le capital maintienne ses profits, quitte à jeter dans la misère ceux dont le travail est utile à la société.

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