Toray- Saint-Maurice-de-Beynost (Ain) : La direction a dû céder sur les salaires02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toray- Saint-Maurice-de-Beynost (Ain) : La direction a dû céder sur les salaires

Après un mois de débrayages quotidiens, la direction de l'usine Toray, spécialisée dans les films plastiques, a dû concéder pour l'essentiel l'augmentation réclamée par les grévistes.

Le mouvement avait démarré le 26 octobre, à la fois contre un nouveau blocage annoncé des salaires et contre un projet d'augmentation de la productivité. La direction avait en effet échafaudé un scénario d'attaque qu'elle pensait infaillible. Il s'agissait d'abord d'annoncer une possible fermeture de l'activité polyester, ensuite de prétendre que les actionnaires accordaient un sursis à condition de fournir de gros efforts de productivité, le tout accompagné d'un nouveau blocage des augmentations « pour sauver les emplois ».

Mais son chantage grossier est tombé sur un os : la réaction des travailleurs. En lançant des débrayages quotidiens, les ouvriers postés en 5x8 montraient clairement qu'ils ne tombaient pas dans le piège. Le 12 novembre, quinze jours après le début du mouvement et à son retour d'une visite auprès des actionnaires japonais, le PDG devait avouer que les commandes étaient revenues et qu'il avait « entendu les exigences des salariés ».

Les menaces avaient donc fait plouf, et c'était une première victoire morale qui renforça la combativité. Obtenir une hausse des salaires fut cependant une autre paire de manches. Malgré plusieurs tentatives, les postés en grève n'ont jamais réussi à entraîner le reste de l'usine dans le mouvement. La direction comptait sur leur isolement pour laisser le mouvement s'étioler. Elle en fut pour ses frais. Les assemblées générales régulières ont réussi à maintenir la cohésion de ceux qui étaient en lutte et ont permis à chacun de mesurer chaque étape et de se regonfler mutuellement. La revendication de 50 euros pour tous a même fini par obtenir le soutien passif des non-grévistes.

Le 25 novembre, devant l'impossibilité de livrer des clients importants, la direction acceptait enfin de discuter salaires... mais en proposant seulement 1 %. Une somme bien trop modique pour calmer la colère. Deux jours plus tard, l'augmentation passait à 40 euros pour tous, accordés dès le 1er décembre 2009.

Les grévistes ont attendu l'assemblée du lendemain pour se prononcer collectivement. Ils ont accepté d'en rester là pour l'instant, mais en prenant rendez-vous le 7 décembre pour parler du manque d'effectifs, autre sujet brûlant.

Bien sûr, une augmentation de 40 euros ne va pas changer la vie. Mais ce mouvement a démontré que nous ne sommes pas disposés à travailler sous la menace et que les travailleurs en lutte peuvent imposer leurs revendications et leur calendrier. Et ceux qui ont fait grève espèrent que cette démonstration pourra convaincre la majorité de l'usine de se joindre à eux dans l'avenir.

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