Thomson : 2,8 milliards de dettes, ce n'est pas un problème !02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Thomson : 2,8 milliards de dettes, ce n'est pas un problème !

Lundi 30 novembre, le PDG de Thomson Frédéric Rose a obtenu du tribunal de commerce de Nanterre la mise du groupe sous procédure de sauvegarde, pour faire face à sa dette qui s'élève à 2,8 milliards d'euros. Cela ouvre la possibilité pour Thomson de rééchelonner la dette sur... dix ans.

Pour éviter la faillite, un plan dit de restructuration de la dette avait été proposé par la direction du groupe. Mais une grande partie de la dette avait été couverte par des « dérivés de crédit », des CDS (« credit default swaps »), autrement dit la dette avait été elle-même l'objet d'une spéculation, le groupe ne pouvait pas identifier tous ses créanciers. Il lui était donc impossible d'obtenir l'accord des deux tiers d'entre eux, nécessaire pour cette « restructuration ». D'où le recours au plan de sauvegarde. « Ce plan pourrait prévoir un maintien de la dette actuelle, un remboursement du principal rééchelonné sur dix ans avec un remboursement annuel de 5 % lors des neuf premières années, le taux d'intérêt restant au niveau de celui des contrats d'endettement actuels », a indiqué la direction de Thomson.

Thomson, qui réalisait la quasi-totalité de ses ventes dans l'électronique grand public il y a quatorze ans, et regroupait près de 80 000 salariés, ne fait plus même un euro de chiffre d'affaires dans ce domaine et n'emploie plus que 20 000 salariés. Depuis des années, la politique du groupe a été d'accroître les profits en vendant les secteurs de production jugés moins rentables. Pour ne citer que cet exemple : l'usine d'Angers, qui était il y a quelques années la principale usine de production de téléviseurs, a été ainsi découpée en secteurs, vendus à TCL, une entreprise chinoise, ou à des sous-traitants. Les différents PDG, Thierry Breton en 2001, devenu ministre par la suite, puis ses successeurs, se sont lancés dans des opérations d'acquisitions dans différents secteurs : les services à l'image, avec Screenvision, les équipements de tournage et de transmission, avec Grass Valley, le laboratoire de duplication de films et de DVD, avec Technicolor, ou encore les décodeurs d'accès Internet, avec le rachat d'Inventel, sans parler des autres opérations purement spéculatives.

Ces acquisitions ont considérablement accru la dette du groupe. Mais les actionnaires ont durant toutes ces années continué à toucher de très confortables dividendes, sans avoir à s'inquiéter. Car à chaque fois qu'il y a eu une menace de faillite, les différents gouvernements, de gauche comme de droite, ont toujours été là pour éponger avec l'argent des contribuables.

Les travailleurs, eux, ont payé chacune de ces « opérations », juteuses pour les actionnaires, par des licenciements pour les uns et le blocage des salaires pour les autres. Et aucun travailleur parmi les milliers licenciés par Thomson durant ces dernières années n'a jamais obtenu le droit de rééchelonner ses dettes !

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