Salaires de la restauration : Les patrons gardent les trois milliards pour eux02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires de la restauration : Les patrons gardent les trois milliards pour eux

Lors des négociations qui se sont tenues le 30 novembre, les patrons de la restauration n'ont rien lâché à leurs salariés. Pourtant, suite à la baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 % dans ce secteur, effective depuis juillet dernier, les patrons s'étaient engagés à des contreparties. En échange de ce cadeau fiscal énorme de trois milliards d'euros par an, ils s'étaient engagés à faire des « efforts ».

Côté réduction du prix des repas à leurs clients, c'est plutôt nul. Les optimistes parlent d'une baisse moyenne de 1,5 % sur la note. Même les sénateurs l'ont remarqué, et ont voulu le montrer par une tentative d'amendement de la loi. D'autre part, les patrons restaurateurs devaient effectuer de nouvelles embauches. Ils ont depuis beaucoup promis... et les embauches restent rares. Les 40 000 promesses d'emplois supplémentaires mises en avant au début par les organisations patronales sont passées à 6 000, mais le chiffre réel risque d'être encore minoré.

Le dernier volet concernait les salaires particulièrement bas de la profession et, là aussi, les résultats sont dérisoires. La séance de « négociation » avec les syndicats de salariés n'aura été qu'une mascarade.

Les patrons de la restauration se sont certes engagés à une augmentation moyenne de la grille des salaires de 6 %, mais le salaire minimum, qui est souvent la norme, sera tout juste au niveau du smic. Et, sur la réalité des augmentations, la majorité des syndicats contestent les chiffres patronaux car, entre ce qui est dit à la presse et ce qui a été écrit, il y a visiblement une différence. Les patrons ont certes ajouté deux jours fériés supplémentaires et une prime de 2 % du salaire annuel, appelée « prime TVA ». Mais cette prime sera plafonnée à 400 euros, et ne sera pas versée à tout le monde, ou pas en totalité. Il y a des conditions d'ancienneté, les saisonniers n'y ont pas droit, les salariés des hôtels-restaurants n'auront que la moitié de la prime, et ceux des hôtels qu'un quart. Et pour couronner le tout, cette prime ne sera valable que pendant trois ans, avec une clause de « revoyure « .

Trois syndicats sur cinq, CGT, FO et CFTC, majoritaires dans la profession, ont jugé ces propositions proprement scandaleuses, surtout en regard du cadeau de trois milliards. Ils rejettent donc toute signature de l'accord, dont il n'est pas sûr qu'il entre en vigueur.

Les patrons de la restauration sont loin d'être tous des petits restaurateurs de quartier. Ce sont souvent de grands groupes qui empochent la plus grande part du cadeau fiscal de l'État. Et alors qu'ils tiennent la dragée haute aux syndicats, ils ont le soutien de Sarkozy qui, non content de leur avoir octroyé des largesses exorbitantes sur le budget de l'État, les conforte : « Jamais je ne reviendrai sur la baisse de la TVA dans la restauration. » Et tant pis pour les consommateurs, les contribuables et les salariés du secteur de la restauration !

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