Renforts américains en Afghanistan : Le gouvernement Obama s'enfonce dans la guerre02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Renforts américains en Afghanistan : Le gouvernement Obama s'enfonce dans la guerre

Après des mois de réflexion, Obama a annoncé l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan : 30 000 (ou 34 000) soldats de plus ; avec les renforts du début de cette année, le total des forces américaines engagées dans ce conflit atteindra à peu près 100 000 hommes, le double de ce dont Obama avait hérité en prenant ses fonctions.

Ce n'est pas si loin des 40 000 hommes réclamés par le général Mac Chrystal, commandant des forces internationales en Afghanistan, surtout si on considère que le gouvernement américain demande à ses alliés, membres ou non de l'Otan, une contribution supplémentaire de 5 000 hommes.

Pour le moment, seul le Premier ministre anglais, Gordon Brown, a promis 500 soldats de plus, portant ainsi à 10 000 l'effectif des troupes britanniques. Sarkozy, lui, a répondu qu'il ne souhaitait pas augmenter les effectifs français, mais qu'il avait renforcé les moyens accordés aux troupes et envoyé 150 gendarmes en plus des 3 750 soldats déployés sur le terrain où ils resteront « aussi longtemps que nécessaire ».

L'argument des gouvernements occidentaux, c'est bien sûr la nécessité de pacifier le terrain car, selon eux, la sécurité du monde en dépend.

C'est ce qu'a rappelé la secrétaire d'État Hillary Clinton en déclarant que « stabiliser la situation en Afghanistan et au Pakistan » est directement lié à « notre propre sécurité nationale, à celle de la région et à celle du monde ».

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a répété que l'engagement des États-Unis n'était pas illimité dans le temps, que le déploiement se ferait sur plusieurs mois et serait conditionné par les progrès faits par le gouvernement afghan pour affermir son autorité, mettre fin à la corruption, sécuriser le pays, bref restaurer l'ordre et la confiance et se faire apprécier de la population. Une tâche d'avance vouée à l'échec. Si ce gouvernement est corrompu et dénué de toute autorité, c'est justement en grande partie parce qu'il est la créature des gouvernements occidentaux, et au premier chef, des États-Unis, dont les troupes occupent le pays. Et c'est cette situation qui entretient la corruption et qui mine toute tentative d'autorité de l'État afghan.

Cela fait huit ans que dure cette guerre. Cela fait huit ans qu'on annonce que l'année en cours a été la plus meurtrière de toutes, et d'abord dans la population civile. Cela fait huit ans que le pays est dévasté. Quant aux troupes d'occupation, elles sont détestées : même les généraux afghans se plaignent qu'une mission américaine moyenne coûte aussi cher que la solde d'un de leurs bataillons. Les troupes françaises, malgré la propagande médiatique, ne sont pas mieux vues : le colonel Chanson, responsable des troupes françaises au nord-est de Kaboul, reconnaissait fin août qu'ils n'étaient pas plus aimés que les Américains.

La situation ne peut qu'empirer. L'opinion américaine le sent : 52 % des Américains sont opposés à la guerre, parce que le conflit a fait 298 morts parmi les soldats américains cette année, parce que cette stratégie coûte un million de dollars par soldat et par an, alors que la crise a enfoncé toute une partie de la population américaine dans la misère, parce que tout semble annoncer un nouveau bourbier comme celui du Vietnam, c'est-à-dire une guerre interminable et sans issue.

Partager