Ouvriers tués par l'amiante : Un grand patron mis en examen02/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2157.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ouvriers tués par l'amiante : Un grand patron mis en examen

Mardi 24 novembre Joseph Cuvelier, ex-patron du groupe Eternit spécialisé dans l'amiante-ciment, a été mis en examen pour « homicides et blessures involontaires » dans le cadre de l'enquête sur les maladies, souvent fatales, des travailleurs exposés à l'amiante.

L'amiante, reconnu dangereus depuis 1906 et cancérigène depuis les années 1950, n'a été interdit en France que depuis 1997. Les premières précautions dans son maniement n'avaient été recommandées, et rarement appliquées, qu'à partir de 1977. Or, sous diverses formes, ce matériau a été très fréquemment utilisé dans l'industrie et le bâtiment pendant près d'un siècle. Voilà pourquoi les services de santé publique prévoient, jusqu'en 2025, 100 000 décès en France, dus à l'exposition à l'amiante.

Les travailleurs frappés par la maladie, ou leur famille, se sont battus non seulement pour obtenir l'interdiction de l'amiante et des indemnisations, mais aussi pour que les responsabilités soit établies.

La mise en examen de Joseph Cuvelier est un pas en ce sens. Car, en tant que dirigeant d'Eternit et héritier de la famille fondatrice et propriétaire de l'entreprise, il porte une lourde responsabilité. C'est pour gonfler les profits de la famille Cuvelier que l'amiante était extrait des mines, en Corse par exemple, mis en sac et transporté sans précaution, déchargé et transformé dans un nuage de poussière mortelle, mélangé au ciment dans les cinq usines françaises du groupe. Eternit a fourni pendant des décennies les trois quarts des plaques d'amiante-ciment utilisées en France et était implanté dans dix neuf autres pays. C'est Eternit, au premier chef, qui, avec le lobby de l'amiante constitué autour du groupe, s'est battu pour éviter les mesures de sécurité obligatoires, pour retarder l'interdiction de l'amiante, pour nier le plus longtemps possible la nocivité du produit et la responsabilité des industriels.

Il y a donc bien un rapport direct entre la fortune des Cuvelier et la mort des ouvriers aux poumons rongés par l'amiante. Ce rapport, Joseph Cuvelier ne pouvait l'ignorer.

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