Allemagne : Les travailleurs d'Opel ne sont pas à vendre18/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2155.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Les travailleurs d'Opel ne sont pas à vendre

Après avoir négocié pendant des mois pour vendre Opel, General Motors - qui en est le propriétaire depuis 1929 - a fait brutalement machine arrière début novembre et décidé de ne pas le céder au trust canado-autrichien Magma comme cela était prévu. Dans un communiqué General Motors (GM) explique qu'il a décidé de conserver Opel parce que l'environnement économique s'est amélioré et que, dans ce contexte, les marchés européens ont une importance stratégique pour lui.

General Motors, qui a été mis en dépôt de bilan en juin dernier, et a été grassement renfloué grâce à une aide considérable (estimée à environ 50 milliards de dollars au total) du gouvernement Obama, a donc retrouvé l'énergie suffisante pour estimer qu'il y a toujours du profit à faire en exploitant les travailleurs de ses filiales européennes.

Les dirigeants de GM annoncent aussi qu'ils vont présenter rapidement un plan de restructuration et qu'ils sont confiants dans un accueil bienveillant de la part des gouvernements et des syndicats européens. C'est-à-dire qu'ils tendent une nouvelle fois la main pour obtenir de nouveaux prêts et subventions... tout en supprimant à nouveau des emplois. Opel emploie aujourd'hui 26 000 travailleurs en Allemagne répartis en quatre usines (Rüsselsheim, Bochum, Eisenach et Kaiserslautern). Mais il y en avait plus de 56 000 en 1991. Cela fait donc des années, bien avant les prétendues difficultés récentes de General Motors, que les effectifs sont en chute libre.

Les politiciens et les syndicalistes allemands, qui présentaient l'option Magma comme la plus intéressante « pour sauver Opel », se disent aujourd'hui révoltés par la volte-face de GM. Ce sont cependant les mêmes qui avaient accepté, le 26 octobre dernier, le plan de restructuration présenté par Magma et qui comportait pour 2010 et 2011 des baisses de salaire, représentant 265 millions d'euros à l'échelle des usines européennes, et des milliers de suppressions de postes.

Mais les dirigeants des quatre Länder dans lesquels sont implantées les usines Opel réclament déjà un soutien financier de la part de l'État fédéral pour compléter celui qu'ils envisageaient d'apporter à General Motors. Quant aux responsables de l'IG Metall, le syndicat de la métallurgie, ils ont commencé à avancer leurs solutions, comme le fait en France la CGT avec ses « propositions industrielles » : transformer Opel en société de droit allemand pour les uns, démontrer que tel site de production est rentable pour les autres, etc.

Il est à craindre que cela représente une voie de garage alors qu'il est urgent pour les travailleurs d'Opel d'imposer le maintien de leurs emplois et de leurs salaires. Ils ont la force de le faire et l'ont montré à plusieurs reprises dans le passé. En 2004 ils ont occupé l'usine de Bochum pendant six jours contre un précédent plan de licenciement. Et l'été dernier encore, ils ont réussi grâce à leur mobilisation à imposer le maintien de la prime de vacances que la direction voulait supprimer. C'est sur cette voie, celle de l'action collective, qu'il leur faudra compter.

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