Gripp-Grenoble : Il bouleverse notre vie, qu'il paye !13/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2154.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Gripp-Grenoble : Il bouleverse notre vie, qu'il paye !

Gripp, entreprise de la banlieue grenobloise, fabrique des pièces de robinetterie. Elle s'appelait à l'origine Grenoble sanitaire et a été rachetée en 1998 par ATS, puis en 2006 par Watts, dont elle est désormais l'un des cinq ateliers. Watts emploie 425 salariés permanents et de nombreux intérimaires, répartis sur quatre sites de production : Chartres, Seyssins (Isère), Fressenneville et Hautvillers (Somme), et un site de logistique à Sorgues (Vaucluse).

Les actionnaires ont décidé de fermer les ateliers de Chartres, Seyssins et Fressenneville entre juin 2010 et janvier 2011 et de regrouper toute la production à Hautvillers, en supprimant 52 emplois en CDI.

L'atelier de Seyssins est spécialisé dans la fabrication des pièces les plus complexes sur machines à commande numérique. Il rassemblait jusqu'à présent 38 ouvriers en CDI (dont 12 femmes) et 13 ouvriers intérimaires. Les missions des intérimaires prennent fin. Quant aux travailleurs en CDI, il leur est proposé un reclassement à Hautvillers, sans tenir compte de l'emploi de leur conjoint pour beaucoup, de leur soutien aux parents vieillissants pour d'autres, de la vie des enfants, sans parler de l'attache à un logement. De plus, les salaires à Hautvillers sont plus bas qu'ici.

Un seul ouvrier, originaire du nord de la France s'est dit intéressé. 36 ouvriers sont en grève depuis une semaine, dont une bonne partie sur place.

Dès le premier jour, ils sont allés à la rencontre de la population, à l'entrée des magasins. Jeudi 5, ils sont descendus à Sorgues, où se tenait le Comité central d'entreprise. Leur présence a déclenché une grève de solidarité d'une journée de leurs collègues de Sorgues. Ils ont reçu la visite d'un militant syndical de Caterpillar, venu établir le contact car les ouvriers de Caterpillar auront encore à se défendre avant longtemps. Enfin, ils vont prendre contact avec les ouvrières de Pepper-Moncler, entreprise de prêt-à-porter de la banlieue voisine, victimes elles aussi d'un regroupement d'ateliers, afin d'envisager des actions communes, « des actions qui ne gênent pas les autres travailleurs », précisent-ils.

Les hommes et les femmes de Gripp sont fiers d'être si unis, heureux d'avoir reçu l'aide active de leurs collègues de Sorgues, contents de l'accueil de la population et des visites de certains voisins, confortés par leur contact avec le militant de Caterpillar.

Ils sont décidés à « faire payer le plus cher possible » leur licenciement. Pour cela, ils ont quelques atouts : à Seyssins, la production est arrêtée. Le patron essaye d'assurer à Hautvillers la production de Seyssins, mais ce n'est pas si simple. En effet, l'investissement en machines à commande numérique est en cours depuis peu à Hautvillers. Cet équipement y est donc insuffisant et là-bas, peu de collègues sont habitués à leur maniement. Si bien que la production y est très insuffisante. Le patron en est donc réduit à acheter des pièces équivalentes à un industriel italien afin de satisfaire autant que possible les commandes. De plus, le patron dit qu'il veut attirer à Hautvillers des ouvriers de Seyssins pour faire fonctionner rapidement davantage de machines à commande numérique.

« Il a de l'argent, beaucoup d'argent, il a besoin de nous, il bouleverse notre vie, qu'il paye ! » disent les travailleurs de Gripp, « il en va de notre dignité ».

Partager