Saint-Nazaire - À la recherche d'un stage en entreprise : Tribulations d'un futur prolétaire07/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2149.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Nazaire - À la recherche d'un stage en entreprise : Tribulations d'un futur prolétaire

Loïc a 14 ans. Il est en quatrième au collège. Il doit faire un stage de découverte des métiers de cinq jours en entreprise. Son souhait est de le faire en tôlerie. L'affaire paraît toute simple dans une ville ouvrière comme Saint-Nazaire.

Le voilà donc parti dans les rues de la zone industrielle où sont implantées, entre autres, des entreprises comme les Chantiers de l'Atlantique pour la navale, EADS pour l'aviation ou encore MAN pour de gros moteurs diesel. Avec en plus des centaines d'entreprises de sous-traitance tout alentour.

Loïc démarche donc pour ce stage. Pour la première entreprise, c'est impossible, les ouvriers étant au chômage, les syndicats, lui dit-on, lui tomberont dessus. Pour la deuxième, c'est la crise, pas question de prendre des stagiaires. Pour la troisième, la porte ne s'ouvre même pas, juste une voix à l'interphone pour dire « on ne prend personne ». Quatrième, cinquième : désolé, pas possible, c'est fini la navale et même tout le reste. Allez, on continue, douzième entreprise, à ArcelorMital, hélas on aurait bien pris mais on met les gars au chômage cette semaine. On continue, à la quinzième Loïc tombe mal, les employés sont au chômage, l'atelier n'est même pas à lui, se lamente le patron. Il loue les machines et il va déménager bientôt. Les ouvriers sont-ils au courant ? Plus loin, une autre entreprise d'ArcelorMital : pour se débarrasser de lui, on lui dit d'appeler le siège à Nantes. À la énième entreprise, Man Diesel, dont pourtant la charge de travail est plutôt importante en ce moment, pour la direction les jeunes ont posé trop de problèmes dans le passé, pas question de prendre des stagiaires.

Un des derniers patrons vus pense que la ville de Saint-Nazaire est morte et conseille à Loïc d'aller voir ailleurs, à Cholet par exemple, à plus de 130 km. Et puis il faut s'habituer à sortir de sa région, voire de la France... Et la secrétaire d'ajouter : « de l'Europe même ! ». Toute cette tirade pour un petit stage gratuit de découverte de cinq jours !

Pour finir, on conseille cyniquement à Loïc d'aller vers la restauration et le commerce, puisque « là-dedans, ils embauchent n'importe qui pour se faire exploiter ».

Une entreprise accepte enfin de le prendre, mais c'est pour apprendre, par des travailleurs de la zone industrielle, qu'elle est en dépôt de bilan et doit fermer d'ici peu !

Comme on le voit, l'avenir de la jeunesse, sauce Sarkozy, a du plomb dans l'aile !

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