Sous le sempiternel prétexte, usé jusqu'à la corde, de réduire le déficit de la Sécurité sociale, la mise en place de mesures visant à culpabiliser les malades a franchi un pas supplémentaire avec un nouvel arsenal de sanctions contre ce que le gouvernement Sarkozy appelle les arrêts maladie « injustifiés » ou « abusifs »

Les contrôles des arrêts maladie, qui sont passés de 700 000 en 2006 à 1,6 million en 2008, enrichissant au passage des officines de flicage médical privées, vont encore augmenter et devraient se multiplier dans la fonction publique. Le but essentiel de ces contrôles n'est pas, comme on le prétend, de débusquer d'éventuels fraudeurs, bien moins nombreux qu'on le laisse croire, mais de faire pression sur les salariés pour les pousser à venir travailler même malades, afin entre autres de coûter moins cher aux employeurs.

Le gouvernement laisse entendre que l'augmentation du nombre et de la durée des arrêts maladie serait due aux abus des salariés. Il n'envisage pas un instant que cela traduit une exploitation accrue des travailleurs, une pression qui amène certains, et de plus en plus jeunes, à prendre des risques accrus avec leur santé. Toutes les mesures prévues vont encore dans ce sens.

Ainsi, une mesure actuellement expérimentée va être généralisée : l'automaticité des sanctions consécutives à une contre-visite demandée par un employeur à une officine de flicage médical. Ainsi encore, une personne ayant fait l'objet d'une suspension d'indemnités pour arrêt injustifié ne pourra ensuite avoir automatiquement ses indemnités si elle se fait immédiatement prescrire un arrêt de travail : « il lui faudra obligatoirement un accord préalable de la caisse », précise le ministre du Budget Eric Woerth.

« Travaillez, usez-vous au boulot », « mais si vous tombez malade, ne comptez pas sur nous » : tel est le message que le gouvernement adresse aux salariés (ceux qui ont encore la chance de disposer d'un emploi). Un comportement de charognard !