Italie - Des quartiers de Messine submergés par la boue : Une catastrophe annoncée07/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2149.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie - Des quartiers de Messine submergés par la boue : Une catastrophe annoncée

Une catastrophe annoncée : c'est ce qu'ont vécu les alentours de la ville de Messine, en Sicile, à la suite des violentes précipitations qui se sont abattues sur la région jeudi 1er octobre. La pluie, tombant sur les collines qui surplombent la ville, a provoqué d'énormes glissements de terrain, et un fleuve de boue charriant quantité de détritus s'en est échappé, submergeant les rues et les maisons de plusieurs quartiers.

Plusieurs jours après, on fouillait encore pour retrouver les habitants restés piégés par la boue et l'on comptait déjà 24 morts, auxquels s'ajouteront sans doute les 40 personnes disparues.

De très grosses pluies d'automne sont pourtant un événement prévisible en pays méditerranéen. Mais, comme toute la Sicile et comme une grande partie de l'Italie, la région de Messine est fragile sur le plan géologique comme sur le plan de l'écoulement des eaux. Cette fragilité est aggravée un peu plus chaque année du fait d'une part du déboisement, et d'autre part des constructions anarchiques qui aboutissent à couvrir de ciment une grande partie du littoral, sans que soient effectués les travaux d'infrastructure qui pourraient permettre de consolider les terrains et d'assurer l'écoulement des eaux. À cela s'ajoute la corruption, attribuable ou non à la Mafia, qui fait que les autorités acceptent, ou laissent faire, des constructions dont les conséquences peuvent être évidemment dangereuses. Ainsi non seulement des collines peuvent se transformer en fleuves de boue mais, en l'absence d'issues, ceux-ci se déversent sur les habitations.

D'autres catastrophes du même genre se sont déjà produites, que ce soit en Sicile, en Calabre, dans la région de Naples ou même dans le Nord. Chacun connaît cette situation, à commencer par les autorités publiques. Les avertissements n'ont pas manqué et, à Messine même, de précédentes inondations pouvaient laisser prévoir cette catastrophe, mais rien n'y fait. Certes, reconnaît un ingénieur cité par le quotidien du Parti de la Refondation Communiste, Liberazione, « certains fonds ont été dépensés à bon escient et le risque a diminué en certains endroits, mais dans le même temps on a fait des constructions dans des zones tout aussi dangereuses et qui en étaient vierges ».

À Messine, au sein de la population frappée par le sinistre, le désespoir fait souvent place à la colère. Des représentants du gouvernement ont été accueillis par les cris d'« Assassins ! ». Alors que rien n'est fait pour l'aménagement d'un territoire aussi fragile, le gouvernement met l'accent sur de grands travaux, comme le pont sur le détroit de Messine, qui reliera la Sicile à la Calabre et dont la réalisation coûtera plus de 4 milliards d'euros, dont bénéficiera l'entreprise Impregilo, le Bouygues italien. Du point de vue de la population, il y aurait des travaux bien plus prioritaires. Mais il est plus facile de lancer de tels grands travaux, en finançant un grand groupe du BTP, que d'intervenir pour rendre vraiment habitable un territoire dévasté par les constructions abusives et les intérêts privés qui y sont liés.

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