Freescale - Toulouse : La grève continue07/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2149.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Freescale - Toulouse : La grève continue

Les secteurs de production menacés de fermeture fin 2011 (830 emplois sur 1600) entrent dans leur cinquième semaine de grève. En ce qui concerne la téléphonie, la direction a réussi à verrouiller son plan « social » et les lettres de licenciement partiront le 9 octobre. Elle se félicite d'avoir obtenu la reprise partielle de ce secteur par Intel, mais cela ne concerne que 51 ingénieurs sur les 236 dont le poste est supprimé. Pour les travailleurs de la production, ce faible résultat confirme leur conviction qu'ils n'ont rien à attendre des promesses de la direction de trouver un CDI pour chacun.

Au douzième jour de grève, alors qu'ils filtraient les entrées de l'usine, les travailleurs en grève ont été délogés par la police, ils se sont massés aux abords du portail autour de leur campement. La direction elle, parle « d'encombrants ». Et à partir de là, ils ont organisé des actions quotidiennes pour faire connaître leur situation à la population aux quatre coins de la ville de Toulouse, en demandant aux pouvoirs publics de faire pression sur leur direction pour qu'elle entende leurs revendications : des indemnités de départ décentes.

De la manifestation des postiers du 22 septembre au principal dépôt des bus Tisséo de la ville, en passant par les entrées des usines Airbus, la préfecture, ou les abords de la gare et de l'aéroport, tous ces lieux et d'autres ont reçus la visite des grévistes avec leurs tracts, leurs slogans et à plusieurs reprises ... l'intervention des CRS venus les déloger.

Bien que certaines de ces actions se traduisent par des désagréments pour la population, en général, elle témoigne aux grévistes une compréhension et une sympathie qui ne se démentent pas. Ainsi suite à l'intervention de la police les employés de Tisséo ont débrayé pour manifester leur solidarité.

Les grévistes sont aussi rentrés en masse dans l'usine pour manifester bruyamment dans les bureaux et influencer les quelques ouvriers de production qui ne sont pas en grève. Le concert improvisé devant l'usine le samedi 26 septembre a démontré qu'ils avaient le moral. L'ambiance était à la détente ... sauf pour la maison poulaga qui était persuadée que les flonflons n'étaient là que pour faire diversion et masquer une opération commando au coeur de la nuit.

Les assemblées générales rassemblent toujours autant de monde et décident de poursuivre le mouvement malgré les chantages du patron et les interventions policières. Manifestement, la production au compte-gouttes commence à poser quelques problèmes à la direction, qui a ouvert une négociation le vendredi 2 octobre.

La direction a eu la mauvaise idée de se présenter à cette réunion sans nouvelle proposition d'indemnité de licenciement comme le lui demandaient les grévistes depuis 4 semaines. Au moment où elle a voulu quitter la séance, les grévistes se sont massés devant les portes pour lui faire comprendre que la réunion n'était pas terminée. De l'aveu du directeur lui-même, cette « séquestration » était bonne enfant et sans violence, il a même eu tout le loisir d'utiliser longuement ses téléphones mobiles pour appeler la police.

L'arrivée des CRS à l'intérieur du site a galvanisé les grévistes qui ont offert une résistance inattendue. Les CRS ont distribué quelques coups de matraques pour libérer la direction. Cette violence gratuite a fait monter la tension à son comble et les flics ont dû refluer piteusement, en marche arrière, recroquevillés sous leurs boucliers, sous les huées et les invectives des grévistes. Quand les esprits se sont calmés, la soirée s'est terminée autour du barbecue pour une nouvelle fête improvisée.

Tout le week-end, les grévistes ont filtré l'accès au site à plus d'une centaine à chaque changement d'équipe, sous l'oeil des sbires de la Direction et de son huissier. Et à chaque fois, ça a été le même scénario : une quarantaine de CRS appelés par la direction ont poussé les grévistes pour dégager l'accès et faire passer les quelques non grévistes en convoi sous leur protection. Les grévistes se sont laissés pousser... pour mieux reconstituer leur filtrage une fois les policiers repartis. À chaque départ des policiers, les grévistes leur lançaient : « À bientôt ! » ou « À demain ! ».

La réunion de négociation du mardi 6 octobre n'a rien apporté de nouveau du côté de la direction. Les entrées de l'usine ont été à nouveau filtrées par les grévistes. L'assemblée générale a décidé de poursuivre la grève jusqu'à la fin de la semaine. Il a été décidé de visiter les entreprises des alentours pour discuter et faire appel au soutien des autres travailleurs.

Comme le dit le tract du Comité de grève invitant au rassemblement de solidarité organisé devant l'usine vendredi 9 octobre à 17h00 : « Tous, nous subissons les attaques contre nos emplois, les conditions de vie de nos familles. Ils nous attaquent, parfois les uns après les autres, en comptant sur l'isolement de chaque riposte. Alors ne nous laissons pas diviser, entre ceux qui sont le dos au mur et ceux qui ont encore un emploi. Nous avons les mêmes adversaires et ils ne sont forts de que nos divisions. TOUS ENSEMBLE, TOUS ENSEMBLE pour exiger le droit de vivre décemment de notre travail ».

Partager