De la crise financière à la crise monétaire ? Un système économique au bord du gouffre07/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2149.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De la crise financière à la crise monétaire ? Un système économique au bord du gouffre

La satisfaction affichée par les dirigeants du monde impérialiste après le sommet de Pittsburgh ne cache qu'à moitié leur inquiétude sur les suites possibles de la crise économique mondiale. En effet les ministres des Finances de ces pays, réunis avec les dirigeants du FMI à Istanbul samedi 3 octobre, n'ont pu que constater, à demi-mot, que la crise des finances privées risquait de se transformer en une crise des finances publiques.

Ils en voient la première manifestation dans la grande variabilité des cours des monnaies les unes par rapport aux autres. Les ministres et le FMI n'ont toutefois évoqué aucune mesure pour combattre ce phénomène.

D'une part, ils ne veulent surtout pas empêcher les grandes banques internationales de faire des profits en spéculant sur les taux de change et les différences entre les taux de crédit pratiqués sur les diverses places financières. Ce sont pourtant ces conversions d'une monnaie dans l'autre, faite par les ordinateurs à la vitesse de la lumière et portant sur des sommes énormes, qui, en augmentant ou en diminuant la demande de telle ou telle devise, contribuent à en faire varier le cours. Même le fait que ces spéculations dangereuses s'accomplissent avec les fonds obligeamment fournis par les États n'ébranle pas les ministres des Finances.

Les États ne veulent évidemment pas non plus se lier les mains sur le plan monétaire car ils tiennent tous à pouvoir continuer à se servir de « l'arme monétaire » pour soutenir leurs propres capitalistes dans leur lutte sur le marché mondial. Par exemple la baisse actuelle du cours du dollar par rapport à l'euro peut se révéler être une mauvaise affaire pour les groupes industriels français. Aussi la ministre des Finances française proteste-t-elle contre cette baisse. Elle était évidemment beaucoup moins diserte, il y a quelques mois, lorsque le cours plus élevé du dollar favorisait les ventes des produits Airbus, Areva etc. Chaque État utilise le peu de moyens qu'il a pour influer sur le cours de sa monnaie pour favoriser sa propre bourgeoisie et certainement pas pour un « intérêt général » qui, de toute façon, n'existe pas dans le système capitaliste.

Cette variation du cours des monnaies n'est pas chose nouvelle. Mais la façon dont les États impérialistes ont tenté de circonscrire la crise économique mondiale a préparé la possibilité d'une crise monétaire beaucoup plus grave. C'est ce que le fonds monétaire international, dans son rapport sur la réunion d'Istanbul, appelle le « transfert des risques du secteur privé sur le secteur public ».

D'après le FMI, les États ont épongé jusqu'ici 3 400 milliards de dollars de créances douteuses détenues par les banques et devront encore dépenser la même somme dans l'espoir d'assainir complètement la situation. Cette opération a été financée grâce à un déficit public qui atteint désormais des sommets dans tous les pays riches.

La première conséquence, qui n'inquiète guère les puissants, c'est que la facture est d'ores et déjà présentée aux peuples du monde entier. La seconde, qui semble les préoccuper aujourd'hui, c'est que la crise de confiance entre banques qui avait été le facteur déclenchant de la crise il y a un an, peut se reproduire, sur une échelle beaucoup plus grande, entre États cette fois-ci. À force de créer de la monnaie de singe, les grands pays impérialistes risquent d'en faire des chiffons de papier qui n'inspireront pas plus confiance aux financiers que les paquets de titres pourris qui ont contribué il y a un an au déclenchement de la crise financière.

Pour l'instant le FMI ne parle que du risque de crise des changes. Mais la faillite d'un État, y compris d'un riche État de pays avancé, n'est pas invraisemblable. D'une part parce que cela s'est déjà produit dans le passé et que les déficits publics abyssaux peuvent y conduire. D'autre part parce que les groupes financiers internationaux peuvent bien faire sauter une monnaie par leurs spéculations, pourvu qu'ils y trouvent un intérêt immédiat. Enfin parce que leur système économique est si instable et si absurde que la panique à propos de la solvabilité d'un État peut saisir les Bourses à tout moment et à tout propos.

Ainsi, les politiques suivies par les États impérialistes depuis plus d'un an, loin d'avoir jugulé la crise, préparent peut-être l'éclatement d'une crise plus catastrophique encore.

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