Air France : Des milliers d'emplois supprimés, mais des milliards en caisse23/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2147.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : Des milliers d'emplois supprimés, mais des milliards en caisse

Air France, qui a déjà supprimé près de 3 000 emplois en un an, programme à nouveau quelque 1 700 suppressions d'emplois parmi le personnel au sol, sans oublier celles que la compagnie devrait bientôt annoncer parmi les hôtesses et les stewards. Selon sa direction, cela serait dû à la crise actuelle que traverse le transport aérien.

Ayant essuyé quelques pertes l'an dernier, après onze années de profits records, Air France-KLM a vu baisser le cours de son action. Et même, se désolent les commentateurs économiques et financiers, le groupe devrait quitter le CAC 40, le groupe des entreprises vedettes de la Bourse de Paris.

Pourtant, quelques jours avant sa sortie du CAC 40 et alors que les marchés boursiers reculaient dans leur ensemble, le cours d'Air France s'envolait à la Bourse de Paris. Au même moment, Bank of America recommandait aux spéculateurs d'acheter des actions Air France-KLM. La raison de cet engouement des boursicoteurs et financiers est simple : Air France vient de se mettre sur les rangs pour prendre une part du capital de la compagnie japonaise JAL, une des grandes compagnies mondiales, et surtout la mieux implantée en Asie.

Air France, qui s'apprête à annoncer une réduction de ses dessertes domestiques et moyen-courrier, mais aussi « une rationalisation de ses dessertes en Amérique latine et en Asie », dont la fréquence de ses vols sur Paris-Tokyo, aimerait évidemment profiter des problèmes de JAL. Et elle en a les moyens même si elle préfère, vis-à-vis de l'opinion publique et de son personnel, mettre en avant ce qu'elle présente comme ses propres difficultés.

Ce ne sont pas moins de 5,4 milliards d'euros dont, récemment, la direction d'Air France disait disposer pour des opportunités à saisir. Comme lorsqu'elle s'est invitée dans le capital de la compagnie italienne Alitalia, pour la modique somme de 323 millions, ce qui lui a permis de prendre pied dans le réseau d'Alitalia, sans écorner vraiment son trésor de guerre. Puis ce fut le tour de la compagnie tchèque CSA d'être convoitée par Air France, avant que finalement elle ne s'en détourne.

Mettre la main sur la japonaise JAL, ou la faire passer dans son orbite comme Air France l'a fait il y a quelques années avec la hollandaise KLM, s'annonce comme une opération des plus rentables. Mais la concurrence est rude, et acharnée avec American Airlines, l'américain Delta (en théorie allié d'Air France), British Airways, Quantas (compagnie australienne) qui, elles aussi, ont un coquet trésor de guerre leur permettant d'espérer s'emparer d'un morceau de JAL. Cela, bien que toutes les compagnies aériennes du monde, dont celles que nous venons d'énumérer, en soient à pleurer misère.

En fait, c'est le plus souvent la bouche pleine, ou plutôt les poches pleines, qu'elles pleurent : pour obtenir des subsides de leur État respectif, pour tenter de désarmer les réactions de leur personnel contre les plans de suppressions d'emplois, le gel, voire la diminution programmée des salaires.

Air France, avec ses milliards mis en réserve pour racheter des concurrents, ne constitue pas un cas isolé. Ce sont des sommes fantastiques que les grands groupes sont prêts à jeter dans leurs manoeuvres boursières, leurs rachats de concurrents.

Mais tout cet argent n'est pas tombé du ciel, en définitive ce sont les salariés qui l'ont créé par leur travail. Ce ne serait donc que justice qu'il serve à garantir l'emploi et les salaires de tous.

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