À propos de la journée du 7 octobre : Manoeuvres syndicales et nécessité de se rassembler18/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2146.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

À propos de la journée du 7 octobre : Manoeuvres syndicales et nécessité de se rassembler

De nombreux militants syndicaux, et aussi des travailleurs conscients de l'urgence de rassembler le monde du travail face à l'offensive patronale et gouvernementale, avaient accueilli avec intérêt l'annonce de la journée de mobilisation interprofessionnelle du 7 octobre. Même si six confédérations seulement avaient repris la proposition de la CGT et signé l'appel, FO et la CFTC refusant même de venir à la réunion intersyndicale.

Aucune suite sérieuse n'avait été proposée à la journée du 19 mars qui avait pourtant mobilisé des millions de personnes avec un nombre de manifestants pas vu depuis de nombreuses années, surtout en province, avec la présence notable de salariés du privé. Le silence quasi total qui a suivi de la part des confédérations syndicales face à la multiplication des plans de licenciements massifs laissait comprendre que, pour elles, il n'y avait vraiment rien à faire pour s'y opposer. Les travailleurs et les militants se sont retrouvés seuls et isolés pour faire face à leurs patrons respectifs. Cela ne pouvait que contribuer à démoraliser aussi bien ceux qui recevaient les coups que ceux qui en étaient témoins.

Mais le petit frémissement qui a suivi l'annonce du 7 octobre, amenant la CFTC à s'interroger pour savoir si elle allait s'y rallier, n'a été que de courte durée. Le recadrage est venu de la confédération qui en avait pourtant été à l'initiative, la CGT. Très vite Bernard Thibault a annoncé que : « Les modalités d'actions seront arrêtées localement », ce qui veut dire qu'il n'y aura rien d'unifié, rien de coordonné...

Et puis surtout, cette journée du 7 octobre n'a pas été présentée comme un objectif plus large devant donner un nouvel élan unifié aux initiatives prises dans les différentes corporations, mais comme une simple date parmi d'autres. Cela fait partie de ce que la confédération appelle le « calendrier » des manifestations syndicales. C'est d'ailleurs ce qu'a répété Bernard Thibault à la fête de L'Humanité citant le 22 septembre avec La Poste, le 3 octobre dans les villes pour voter contre sa privatisation, le 7 octobre, suivi de la journée pour les retraités le 16 octobre, le 17 octobre pour le droit des femmes et enfin le 22 octobre « pour l'emploi et la défense de l'industrie ». Thibault a encore oublié les cheminots, eux aussi le 22 septembre, et avant eux l'automobile le 17 septembre. C'est presque le catalogue de La Redoute, une division portée à l'extrême à l'encontre du besoin de rassemblement ressenti pourtant par tous.

Sur cette nécessité de rassemblement, Bernard Thibault s'est contenté, toujours à la fête de L'Humanité, de dire que : « Rien n'est écrit à l'avance ». C'est certain, surtout de la part des dirigeants syndicaux. Par exemple le tract des deux fédérations CGT de la Chimie et de la Métallurgie appelant au 17 septembre, présente le 7 octobre comme une simple « journée internationale pour le travail décent » en donnant plus d'importance à la journée de la CGT du 22 octobre pour la « défense de l'industrie ». Il ne s'agit pas de redonner confiance aux travailleurs dans leurs capacités à changer les choses, mais d'apparaître comme « force de proposition » responsable face au patronat et au gouvernement.

Quant au prétendu radicalisme de FO, son secrétaire général Mailly a brutalement rangé au rayon des accessoires sa proposition de grève de 24 heures, justement au moment où elle aurait pu avoir un impact auprès de bien des militants et travailleurs combatifs qui enragent du manque de perspectives.

Heureusement il est vrai que « rien n'est écrit », et que si les travailleurs s'emparaient de la journée du 7 octobre pour en faire un succès, ce serait le meilleur moyen de déjouer les manoeuvres des appareils syndicaux, en redonnant espoir et perspective à tous. En tout cas, la préparation de cette journée, même auto-sabotée par ceux qui la proposent, doit être l'occasion de défendre la perspective d'une lutte large et rassemblant l'ensemble du monde du travail. Les grands mouvements qui dans le passé ont rassemblé des millions de travailleurs et fait trembler le patronat et la bourgeoisie n'ont jamais été décidés par les chefs syndicaux, ils leur ont été imposés par les travailleurs qui avaient décidé eux-mêmes d'entrer en lutte.

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