Entre les partis de gauche : L'unité en débat, mais pour quoi faire ?18/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2146.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Entre les partis de gauche : L'unité en débat, mais pour quoi faire ?

La fête de l'Humanité, les 11, 12 et 13 septembre, a fourni l'occasion à Marie-George Buffet pour le PCF, à Jean-Luc Mélenchon pour le Parti de Gauche et à Martine Aubry pour le PS de repréciser, chacun à sa façon, qu'ils étaient favorables à l'unité de la gauche pour affronter les prochaines échéances électorales, et en premier lieu les prochaines élections régionales.

Martine Aubry a déclaré que sa priorité était le rassemblement de la gauche, laissant habilement pour plus tard la question de l'alliance avec Bayrou qui, a-t-elle rappelé, n'avait pas répondu à sa question sur son positionnement : « Si François Bayrou dit qu'il n'est plus de droite, je n'ai pas pu vérifier qu'il était de gauche. » Cette pirouette verbale laisse ouvertes toutes les possibilités de justifier une future alliance avec le Modem pour peu qu'une majorité de dirigeants du PS le décrètent. Après tout, les prises de position actuelles de certains notables du PS ne sont pas moins de droite que ne le sont celles de Bayrou et des siens.

Mélenchon, lui, fait le grognon, expliquant qu'on ne peut envisager d'accord ni d'alliance avec le PS au premier tour des régionales ; mais il laisse ouverte cette possibilité pour le second tour.

Quant à Marie-George Buffet, elle rejette l'idée d'une alliance avec le Modem, mais ne précise pas quelle attitude prendrait le PCF si son allié obligé, le PS, pratiquait une telle alliance. En attendant, et faute de mieux, elle propose de créer des « ateliers sur le projet », auxquels elle invite à participer l'ensemble des forces de gauche et les Verts, afin d'y débattre de la future plate-forme qui servirait de base à leur rassemblement.

Il n'y rien de neuf dans une telle proposition, sinon le vocabulaire - et encore ! On parle d'« atelier », quand naguère on parlait de comité ou d'assemblée. Mais pour y discuter de quoi ? Avec qui ? Pour trancher sur quoi, auprès de partenaires dont il y a tout lieu de craindre qu'ils ne se sentiront pas tous engagés par les propositions qui sortiraient de ces discussions ?

Il aurait été plus convaincant que chacune de ces formations précise ce qui, à ses yeux, devait constituer le socle essentiel sur lequel pourrait se fonder cette unité, pour aborder la prochaine élection régionale et plus tard l'élection présidentielle, qui s'inscrivent, qu'on le veuille ou non, dans une même perspective.

Pour ne prendre que les problèmes essentiels qui préoccupent en priorité les catégories populaires, quelle attitude adopter pour lutter contre les choix des grands patrons qui réduisent leurs effectifs salariés tout en augmentant les charges de travail de ceux qui gardent leur emploi ? En un mot, qu'envisagent le PS, le PCF et le Parti de Gauche, en commun ou séparément, pour faire en sorte que ce ne soit pas le monde du travail qui fasse les frais d'une crise dont il n'est en rien responsable ? Que proposent-ils pour permettre à la population de vérifier que les justifications données par les dirigeants des grandes entreprises pour licencier ne correspondent jamais à la vérité ?

Certes les Conseils régionaux n'ont pas les pouvoirs pour mettre fin aux méfaits du patronat, ni pour donner un coup d'arrêt aux agissements de la droite au plan national. Mais la campagne pour leur élection, sur une telle base, pourrait au moins permettre une propagande sur des objectifs qui correspondent aux intérêts des classes populaires ; des objectifs qui ne seront atteints que si l'on ne se contente pas de déposer un bulletin dans une urne, mais si l'on se prépare à les arracher par la lutte.

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