Toyota : Reprise, pas reprise ? Les spéculations rembrayent !21/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2142.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota : Reprise, pas reprise ? Les spéculations rembrayent !

La direction de Toyota a annoncé au début du mois d'août que ses pertes pour l'exercice qui se terminera en mars 2010 devraient être moins importantes qu'estimées initialement, les ventes ayant un peu redémarré au premier trimestre 2009. D'après le journal patronal Les Echos, les analystes financiers seraient même plus optimistes que le directeur de Toyota et envisageraient une perte plus faible, autour de 3,4 milliards d'euros, proche de celle de 2008, mais encore loin des bénéfices de plus de 10 milliards d'euros par an de la période précédente.

Qu'en sera-t-il réellement ? La direction de Toyota n'a guère de moyens pour le savoir et les analystes encore moins ! L'avenir des ventes dépendra de facteurs aléatoires, comme le maintien ou non de la prime à la casse par les gouvernements, qui renflouent ainsi les trusts de l'automobile avec l'argent des contribuables. Mais, la concurrence s'étant encore exacerbée, les ventes de chaque firme vont dépendre de facteurs aussi imprévisibles que le redémarrage de la production de General Motors après sa faillite organisée.

Cependant une chose est certaine, toutes ces entreprises font payer leur crise aux salariés, et aux salariés de leurs sous-traitants en premier lieu.

Toutes ont eu recours à une propagande dramatisant l'avenir de leur entreprise, pour faire accepter aux salariés les licenciements, les blocages de salaires, la diminution des primes, l'augmentation des cadences...

À Toyota Onnaing (Valenciennes) la direction n'a pas été en reste, annonçant une perte de 35 millions d'euros pour la période d'avril 2008 à mars 2009.

Mais lorsqu'on regarde les comptes officiels, il s'avère que les voitures produites à Toyota Onnaing ont été vendues à Toyota Europe au prix moyen de 9 000 euros. Chez les concessionnaires, le prix de vente des Yaris varie de 12 000 à 14 000 euros et même plus. Où passent les 4 000 euros, en moyenne, entre ces deux prix, sinon dans la poche des actionnaires ? Il suffirait que Toyota Onnaing augmente la facture de ses ventes à Toyota Europe de 180 euros en moyenne par voiture pour que l'entreprise ne soit plus en déficit !

Et ceci n'est qu'un exemple ! C'est par de tels systèmes que de nombreux sous-traitants ont pu se déclarer en faillite, pour justifier les licenciements ou la fermeture complète.

C'est par de tels procédés comptables que les entreprises font remonter vers les holdings financiers les bénéfices générés par le travail des ouvriers et des employés, qu'ils soient des sociétés sous-traitantes ou des usines d'assemblage.

Et les holdings ne sont pas situés n'importe où ! Si Toyota Europe a son siège en Belgique, c'est que la Belgique est un paradis fiscal officiel pour toutes les multinationales... et pas seulement pour quelques fortunés comme Johnny, qui aurait bien voulu y résider, ou la famille Mulliez, propriétaire d'Auchan et des magasins qui gravitent autour, qui s'y est établie.

En Belgique, les multinationales ne payent que 1 à 3 % d'impôt sur toute une partie de leurs bénéfices. Et ce jusqu'en 2010, car l'Europe a exigé la fin de cette concurrence déloyale vis-à-vis des autres pays ! Mais un autre bricolage fiscal -les intérêts notionnels, réductions d'impôts censées compenser les capitaux à risque- permet déjà aux entreprises de réduire autant leurs impôts, sinon plus !

C'est ainsi que Toyota Europe ne versait officiellement qu'autour de 15 % de ses bénéfices au fisc belge ces dernières années, pas loin de la moitié des taux officiels de 25 % à 30 %.

C'est pour cela qu'on ne doit pas se laisser impressionner par les chiffres que les directions d'entreprise présentent !

Et il est absolument nécessaire que les travailleurs défendent leurs emplois et leurs salaires, en imposant que les actionnaires payent, en prenant s'il le faut sur les bénéfices accumulés les années précédentes.

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