Suicides en prison : Les murs de la honte21/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2142.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Suicides en prison : Les murs de la honte

Lundi 17 août, un nouveau détenu a été retrouvé pendu dans sa cellule, à la prison des Beaumettes, à Marseille. C'est le 7ème suicide depuis le début de l'année dans la région Provence Alpes-Côte-d'Azur. Ce qui porte à 80 le nombre de détenus à s'être donné la mort dans les prisons françaises, depuis le mois de janvier selon l'administration pénitentiaire et à 92 selon certaines associations.

Pour les sept premiers mois de l'année, les suicides en prison ont augmenté de près de 30 % par rapport à 2008. Cette année-là, 115 détenus s'étaient donné la mort. Il y en avait eu 96 en 2007, et 93 en 2006. Un chiffre qui est en constante augmentation et qui traduit l'état de délabrement du système pénitentiaire français. La situation est devenue tellement insupportable dans les prisons que des jeunes préfèrent se suicider plutôt que de continuer à vivre dans des conditions aussi inhumaines, entassés les uns sur les autres, à trois ou quatre dans des cellules de 9 m2, dans la saleté la plus répugnante. On compte aujourd'hui, près de 70 000 détenus pour à peine plus de 50 000 places. Cette surpopulation carcérale s'élève à près de 141 % pour les seules maisons d'arrêt. Enfin, plus de 40 % des détenus souffrent de syndrome dépressif et 21 % de troubles psychotiques selon une étude épidémiologique sur la santé mentale des détenus. Ajoutez à cela les agressions physiques et verbales, les viols dont les jeunes détenus sont les principales victimes et vous comprendrez pourquoi le nombre de suicides augmente considérablement. Pas besoin de rapport pour appréhender une réalité connue de tous.

Qu'à cela ne tienne, la nouvelle ministre de la Justice, Alliot-Marie, fait semblant de s'indigner de la situation et a commandé un énième rapport sur les suicides dans les prisons qu'elle vient de recevoir. Elle assure qu'elle prendra le problème à bras le corps et cela dans la « plus totale transparence ». Elle affirme qu'elle appliquera « les recommandations » de la circulaire Dati, sur la prévention des suicides en détention.

En visite dans une prison du Loiret, ce mardi 18, elle a donné le ton en organisant avec la direction de l'administration pénitentiaire une réunion sur les suicides en détention... à huit clos ! Bel exemple de transparence ! Quant aux mesures phares annoncées, ce sont des draps déchirables et des matelas ignifugés qui n'améliorent en rien les conditions de détention !Tant que le gouvernement appliquera une politique sécuritaire qui consiste à multiplier les mesures répressives, à mettre en prison des mineurs de plus en plus jeunes, la surpopulation carcérale ne risque pas de diminuer et on ne sortira pas de ce cercle infernal où les prisons demeurent des lieux de déshumanisation où on recense un mort tous les trois jours.

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