Retour à la croissance... faut le dire vite !21/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2142.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retour à la croissance... faut le dire vite !

La ministre de l'Économie, Lagarde, était toute fière d'annoncer à la radio le retour de l'enfant prodigue, la croissance ! Et la presse d'emboucher les mêmes trompettes, d'autant que les mêmes chiffres de croissance ont été publiés pour l'Allemagne et que la Bourse est remontée cet été.

Bien sûr, l'enfant en question n'est pas bien gros, un modeste 0,3 % de croissance au deuxième trimestre, mais après 4 trimestres de recul, à entendre Lagarde et les commentateurs, c'est quasiment la terre promise, la fin de la crise.

Quand on regarde les chiffres de plus près, c'est nettement moins glorieux. D'abord ce ne sont que des chiffres provisoires, qui peuvent être rectifiés à la baisse. C'est d'ailleurs déjà le cas du trimestre précédent, où la situation a été pire qu'annoncée, de 0,1 point. Et sur l'année, le bilan sera de toute façon négatif. Mais surtout, et Lagarde elle-même l'a reconnu, l'investissement ne repart pas, notamment l'investissement des entreprises, celui qui montre que les patrons espèrent vendre plus et vont embaucher.

L'économiste Elie Cohen reçu aux Quatre vérités de France 2 le 17 août attribuait d'ailleurs cette mini-hausse du PNB au fait que grâce à la prime à la casse, l'industrie avait pu écouler une grande partie de ses stocks.

Cela n'empêche pas Lagarde, après avoir reconnu que seul l'État investissait, de proposer non seulement de « continuer à soutenir l'investissement privé », c'est-à-dire continuer les cadeaux au patronat, mais d'en rajouter une louche : « Ça m'encourage à réformer la taxe professionnelle dès la rentrée », a-t-elle dit. Dans la bouche de ces gens-là, « réformer », quand il s'agit des entreprises, cela veut dire supprimer des prélèvements... et les communes, dont le budget est alimenté par cette taxe, devront se débrouiller.

Mais à supposer même que ces gens-là ne mentent pas, de quelle reprise s'agirait-il ? Côté embauches, aucune bonne nouvelle à l'horizon. L'Insee n'est pas revenu sur sa prévision de 400 000 destructions d'emplois en 2009 et on va vers les 10 % de chômeurs d'ici l'année prochaine. Le ministre de l'Emploi, lui, a été encore plus clair dans une interview au Journal du Dimanche : « Je ne modifie pas la prévision d'une hausse du chômage. Nous allons connaître encore plusieurs mois difficiles. »

Les chômeurs et les salariés savent donc à quoi s'attendre, reprise ou pas. Tout ce qu'on peut souhaiter à ces ministres, c'est effectivement de connaître quelques mois difficiles... à cause des réactions des travailleurs !

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