« Injures à caractère racial » : Le préfet est suspendu mais pas la politique anti-immigrés21/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2142.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

« Injures à caractère racial » : Le préfet est suspendu mais pas la politique anti-immigrés

Le parquet de Créteil a ouvert une enquête à l'encontre du préfet hors cadre Paul Girot de Langlade pour « injures publiques à caractère racial », après qu'une agent de sécurité de l'aéroport d'Orly a déposé plainte le 31 juillet.

Le haut fonctionnaire aurait lancé le contenu de ses poches sur l'employée à un portique de sécurité en s'exclamant : « On est là où ? On se croirait en Afrique ici. De toutes façons, il n'y a que des Noirs ici. » Deux autres employés de la société de sécurité de l'aéroport d'Orly ont porté plainte contre lui les 11 et 12 août.

Girot de Langlade se défend en parlant de « manipulation » et d' « acharnement », mais il est quand même délicat de le croire sur parole car à deux reprises déjà, dans le cadre de ses fonctions préfectorales, il s'était laissé aller à des commentaires nauséeux sur les gens du voyage. En 2002, il avait déclaré publiquement : « Je n'ai pas de tendresse particulière pour ses gens-là. Ils vivent à nos crochets, de la rapine aussi, tout le monde le sait. » En 2006, il avait récidivé : « Il y en a trop sur le département. Chacun sait que, quand ils arrivent quelque part, il y a de la délinquance. »

Si à chaque fois le préfet avait échappé à une condamnation, il avait toutefois été placé hors cadre en 2007, sans pour autant être limogé. Et c'est ainsi que le gouvernement - qui ne pouvait ignorer ses envolées verbales passées - l'a choisi pour coordonner les États généraux d'Outre-mer dans l'île de la Réunion, ce qui apparaît après coup comme une bien mauvaise pioche de la part des pouvoirs publics.

Le ministre de l'Intérieur Hortefeux a suspendu Girot de Langlade. « Je ne tolérerai pas que des propos racistes ou discriminatoires soient tenus dans notre pays, d'autant plus par un représentant de l'État », a-t-il déclaré. Mais que veut nous faire croire le ministre de l'Intérieur, qui était responsable en chef de la chasse aux sans-papiers il y a encore quelques mois ? Pense-t-il que, depuis le simple gardien de la paix jusqu'au haut fonctionnaire, le mépris des immigrés, des étrangers et en général des plus pauvres n'existe pas dans l'appareil d'État, alors que, pour ne parler que de ces dernières années, les gouvernements mènent des campagnes contre les immigrés au prétexte de la chasse aux sans-papiers ? Comment s'étonner que l'État utilise ou développe en son sein le racisme de bas étage ? En avril 2008 déjà, un haut fonctionnaire, directeur de cabinet du secrétaire général du ministère de l'Immigration, avait été accusé de racisme par un vigile d'un supermarché. Hortefeux a choisi de suspendre l'ancien préfet, mais cela ne peut faire oublier que la politique de l'État français - pour ne pas dire le passé de l'État français - contribue à développer en son sein des comportements, des opinions anti-immigrés et racistes.

Partager