Grippe A et absurdité de la course au profit05/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2140.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grippe A et absurdité de la course au profit

La grippe A fait couler beaucoup d'encre. Le gouvernement, par la voix de Roselyne Bachelot, se félicite des mesures annoncées et prises. Mais, parmi les spécialistes du monde médical, il en est qui estiment qu'on en fait trop, voire qui s'indignent de l'inégalité de moyens mis en place contre l'éventuelle gravité de la grippe A dans les pays riches et la réelle hécatombe provoquée par des maladies infectieuses que l'on sait pourtant soigner dans les pays pauvres. Tout un symbole de l'aberration de l'organisation économique de la planète !

Pour l'instant, le virus de la grippe A ne semble pas plus « virulent », pas plus méchant, que celui de la grippe saisonnière. En France, en 2008, cette dernière aurait touché quatre millions de personnes et tué quatre mille d'entre elles, soit un taux de mortalité de un pour mille (une personne décédée pour mille atteintes) ; selon les années et le virus incriminé, les chiffres sont parfois plus élevés. Pour ce qui concerne la grippe A et le virus A H1N1, les spécialistes estiment que le taux de mortalité est du même ordre, entre un et quatre pour mille. Mais une grande différence avec la grippe saisonnière, réside dans le fait que la grippe A est beaucoup plus contagieuse et pourrait toucher jusqu'à 30 % de la population. En France, vingt millions de personnes pourraient ainsi être atteintes et 20 000 à 80 000 d'entre elles pourraient donc en mourir. D'où la nécessité de prévenir la contamination par des mesures d'hygiène et la vaccination, afin de limiter, autant que faire se peut, l'importance de sa dissémination.

Mais, pour l'heure, le vaccin n'est pas prêt. D'abord, il faut le tester pour s'assurer non seulement qu'il est efficace mais aussi qu'il ne provoque pas d'effets indésirables. Ensuite, il faudra le produire en grande quantité et ceci avant que le virus A H1N1 se répande dans la population et en espérant que, d'ici là, le virus ne se sera pas trop transformé...

Comme la plupart des États des pays riches, le gouvernement français a d'ores et déjà commandé ce vaccin : 94 millions de doses auprès des laboratoires Sanofi-Aventis, Novartis et GlaxoSmithKline pour un montant qui devrait avoisiner le milliard d'euros. Ces laboratoires se frottent les mains... pour la performance scientifique et technique peut-être, mais aussi et c'est sûr pour le pactole qu'ils vont empocher !

Alors, on ne peut que partager l'indignation de ceux des médecins qui dénoncent « la pandémie de l'indécence » ou s'indignent du fait que « dans le Nord, on constitue des stocks de vaccins, des stocks de médicaments, en prenant le risque que ces médicaments s'avèrent non efficaces, on dispose de moyens de diagnostic. Dans le Sud, il n'y a ni moyen de diagnostic ni traitements. »

En réalité, ce n'est pas tant l'effort consacré à la mise au point et à la production d'un vaccin contre la grippe A qui est révoltant, mais c'est le fait que, si cet effort réussit, la distribution de ce vaccin ne sera assurée qu'auprès des populations qui auront les moyens de le payer. Ce qui est choquant c'est que, en Afrique notamment, des millions d'hommes, de femmes et d'enfants meurent chaque année de maladies infectieuses telles la tuberculose, le paludisme et le sida, autant de maladies que l'on sait pourtant, si ce n'est guérir, au moins prévenir et traiter.

Ce qui est révoltant, c'est le fonctionnement absurde et criminel de cette société capitaliste où on ne produit que ce qui peut être vendu, que ce qui rapporte du profit.

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