États-Unis - La «réforme» du système de santé : Assurer d'abord les profits05/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2140.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - La «réforme» du système de santé : Assurer d'abord les profits

Les militants trotskystes américains du bimensuel The Spark (L'Étincelle) commentent les projets de réforme du système de santé américain, promesse présidentielle d'Obama actuellement bloquée par les débats parlementaires :

« Il y a huit ou neuf projets de loi censés avoir pour but d'améliorer le système de soins de ce pays qui suivent un chemin sinueux à travers le Congrès, le tout derrière des portes closes.

Il n'y a pas de doute, le système de santé a besoin d'être révisé. Les États-Unis dépensent presque deux fois plus par personne que la somme qu'y consacrent les pays industrialisés. Le Canada, par exemple, a dépensé près de 4 000 dollars par personne en 2007, à comparer aux 7 000 dollars et quelque dépensés par les États-Unis. Le système de santé dévore une plus grande part de l'économie américaine que tous les autres pays ; 16 % du produit national brut contre 9 % en Norvège ou en Suède.

Et cependant la population américaine dispose d'une couverture maladie inférieure à celle de tous les autres pays industrialisés. Aujourd'hui, près d'un enfant sur neuf et un adulte de moins de 65 ans sur cinq ne disposent d'aucune assurance- maladie.

Ceux qui ont une telle assurance paient beaucoup plus chaque année pour voir un médecin ou pour disposer de soins à l'hôpital, recevoir des prescriptions ou faire effectuer des examens, que les patients des autres pays. L'ensemble des dépenses qu'ont dû sortir de leur poche ceux qui ont une assurance par l'intermédiaire de leur employeur ont augmenté de plus de 115 % entre 2000 et 2008.

Les États-Unis, le pays le plus riche du monde, figurent loin derrière d'autres pays quand on mesure la santé en terme d'espérance de vie ou de mortalité infantile. C'est une honte complète. L'espérance de vie a augmenté de 8,2 années entre 1960 et 2005, contre 15 ans au Japon et 9,4 années au Canada. Aux États-Unis, en 2006, environ sept enfants sur mille sont décédés pendant leur première année d'existence, mais seulement deux ou trois pour mille en Europe ou au Japon.

D'autres pays offrent une meilleure protection médicale pour beaucoup moins d'argent parce qu'il y a plus de contrôle sur le profit dans des systèmes gérés et centralisés par l'État. Aux États-Unis, les industriels de la pharmacie et de l'équipement médical se situent régulièrement parmi les secteurs les plus profitables du pays. En 2008, ils se plaçaient au troisième ou quatrième rang dans le classement des 500 grandes entreprises du magazine Fortune. Et les assureurs n'étaient pas très loin derrière. Sans compter que chaque partie du système américain dispose de sa propre bureaucratie administrative, des couches et des couches de bureaucrates, ce qui représente un grand gâchis.

Alors pourquoi le Congrès et l'administration Obama ne regardent-ils pas vers les autres pays quand ils mettent sur pied des plans de changement du système de santé ? Parce que les grands assureurs possèdent Washington. Le quotidien USA Today a découvert que les vingt plus importantes entreprises de l'assurance et du médicament ont dépensé 35 millions de dollars au cours du premier trimestre 2009 pour faire pression sur le Congrès, une augmentation de 41 % si on compare avec la même période de l'année précédente. Ils entendent ainsi garantir qu'ils extrairont plus de profit du système de santé.

Quoi qu'il puisse sortir de cette « réforme », on ne peut être sûr que de quatre choses : ce sera au patient d'assurer sa couverture médicale ; on n'imposera pas aux employeurs de fournir une couverture maladie ; les prestations seront inférieures aux primes d'assurances versées ; et la population paiera pour que l'industrie médicale fasse d'encore plus importants profits. »

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