Châtellerault - Autour des travailleurs de New Fabris : Un rassemblement contre les licenciements05/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2140.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Châtellerault - Autour des travailleurs de New Fabris : Un rassemblement contre les licenciements

Suite au désengagement de ses deux principaux donneurs d'ordre - Renault et Peugeot - précipitant la liquidation de l'entreprise et la destruction des 366 emplois, les ouvriers de New Fabris revendiquaient, comme dédommagement de ces constructeurs, une prime extra-légale de licenciement de 30 000 euros chacun. La manifestation du 30 juillet, à laquelle étaient conviés les travailleurs de toutes les entreprises frappées par des licenciements dans le pays, a été le point d'orgue d'un mouvement qui dure déjà depuis de longs mois.

À son départ à 14 heures de l'usine New Fabris dans la zone industrielle nord de Châtellerault, le cortège était fort d'un millier de participants, qui ont vu leurs rangs grossir progressivement le long des quatre kilomètres séparant l'usine du centre de Châtellerault. De nombreuses délégations d'autres entreprises étaient représentées. Venues de la Vienne principalement bien sûr, en dépit des fermetures liées aux congés d'été, avec des travailleurs de Thales, Valeo, des Fonderies du Poitou, de la Snecma, de différents services publics - et puis une délégation forte de dizaines d'ouvrières d'Aubade, très remarquées, venues avec banderole et pancartes, qui sont toujours sous la menace de 104 licenciements dans l'usine de Saint-Savin.

Venues de la région parisienne ou encore du Sud-Ouest, et composées de militants syndicaux souvent proches de l'extrême gauche, de petites délégations d'entreprises ayant eu à se battre contre des licenciements ou des fermetures étaient également présentes : Molex, Freescale, Renault-Rueil et Guyancourt, Ford-Blanquefort. Sortant tout juste du long conflit que l'on sait contre leur propre patron licencieur, les représentants des travailleurs de Continental-Clairoix furent assurément les plus remarqués.

Les organisations politiques étaient également représentées - PCF, LO, NPA, PS, POI ou encore les Verts... mais aussi la droite locale, dont certains représentants ont eu droit à quelques invectives à leur arrivée !

Edith Cresson, ancienne Premier ministre PS et ex-maire de Châtellerault, se faisait fort de conseiller devant les micros les travailleurs de Fabris pour négocier au mieux, auprès des constructeurs automobiles, le stock de pièces qu'ils contrôlent. Ségolène Royal, quant à elle, n'était pas présente, mais s'était empressée de communiquer à l'AFP qu'elle avait contacté le ministre de l'Industrie, Estrosi, afin que le gouvernement et les constructeurs « fassent un geste », selon son expression, pour augmenter sensiblement le montant de la prime extra-légale, qui se chiffrait alors à 11 000 euros bruts, arguant que dans ce conflit qui dure « depuis un mois et demi » (les travailleurs de Fabris seront heureux de l'apprendre, eux qui sont mobilisés depuis fin 2008), il fallait trouver une porte de sortie « satisfaisante et digne ».

Mais bien sûr, pas plus ces dirigeants du PS que le sénateur UMP Fouché n'ont à un seul moment désigné Renault et PSA comme responsables de cette situation. Ces politiciens, respectueux de la propriété privée des capitalistes, n'ont pas non plus mentionné le fait que, malgré de nombreuses années largement bénéficiaires, les actionnaires reçoivent des aides publiques de plusieurs milliards et ont, par conséquent, les moyens de satisfaire les revendications des ouvriers.

Des centaines de personnes attendaient le cortège devant l'hôtel de ville, et c'est devant 2 000 manifestants que se sont succédé les prises de parole des représentants des entreprises, puis de ceux des organisations politiques, dont pour Lutte Ouvrière, notre camarade Eric Pecqueur, ouvrier dans l'automobile et notre porte-parole pour la région Nord-Pas-de-Calais. De multiples interventions mettaient l'accent sur les intérêts communs qu'ont les travailleurs des différentes entreprises touchées par des suppressions d'emploi, dénonçant la rapacité des actionnaires. Le « nous sommes tous des Fabris ! » lancé par Guy Eyerman, délégué CGT de Fabris, fut particulièrement applaudi. Xavier Mathieu, de Continental, soulignait, pour sa part, la force que représente la classe ouvrière lorsqu'elle se bat collectivement et le fait qu'elle ne peut compter que sur elle-même. Plusieurs intervenants ont également dénoncé, parfois vigoureusement, l'absence de soutien des directions syndicales nationales dans les luttes de leurs entreprises.

Sans préjuger de ce que serait la décision des travailleurs de Fabris lors de leur assemblée générale du lendemain, un sentiment de fierté dominait ce rassemblement. Fierté de lutter pour défendre ses droits, de ne pas se résigner, même si la contre-offensive que les travailleurs devront opposer aux coups du patronat nécessitera un rapport de forces de grande ampleur à l'échelle du pays, et fierté de se retrouver nombreux, ensemble, en plein coeur de l'été, représentants de différentes entreprises et partageant la même révolte.

Correspondant LO

Partager