Belgique - ATS Bridgestone Frameries : 55 jours de grève contre neuf licenciements05/08/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/08/une2140.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Belgique - ATS Bridgestone Frameries : 55 jours de grève contre neuf licenciements

Depuis le 11 juin, les ouvriers de cette usine de rechapage de pneus d'avions près de Mons sont en grève pour s'opposer au licenciement du délégué syndical principal et de huit autres ouvriers de l'atelier du chargement et déchargement des pneus.

C'est ce jour-là que le patron de cette entreprise de 180 salariés a convoqué ses ouvriers pour leur annoncer leur licenciement avant de les faire sortir de l'entreprise sous le contrôle de gardes. Le jour même, les 140 ouvriers des trois équipes ont cessé le travail pour exiger la réintégration de leurs camarades. Sous prétexte de sous-traitance, la fermeture de cet atelier est apparue comme une manoeuvre pour s'attaquer au délégué. Et le fait que le patron n'hésite pas à s'en prendre à huit autres collègues pour arriver à ses fins a joué pour beaucoup dans la détermination des grévistes.

Car les explications de la direction sur l'impossibilité de recaser ces neuf travailleurs ne trompent personne. Malgré la crise, l'entreprise a fait un bénéfice de 5,8 millions d'euros en 2008, soit plus de 32 000 euros par salarié ! En moyenne, l'entreprise a compté, en plus du personnel CDI, onze intérimaires et 21 CDD, ce qui montre que ce n'est pas le travail qui fait défaut.

Les pressions sur les grévistes ne manquent pas. Le maire de la commune soutient les grévistes, mais il ne manque pas de politiciens locaux et de médias pour relayer la position de la direction en dénonçant « un conflit absurde pour huit malheureux emplois ». Mais la direction s'adresse aussi directement aux familles des travailleurs par des appels téléphoniques et des courriers pour dénoncer « un conflit suicidaire » qui mettrait en péril l'avenir de l'entreprise « malgré les propositions de reclassement et les indemnisations raisonnables » (selon elle) proposées aux travailleurs licenciés. En réalité la direction ne propose que les indemnités légales.

La Convention d'entreprise en vigueur garantissant l'emploi en 2009, la direction est dans l'illégalité la plus totale. Mais en plus elle voudrait en faire signer une nouvelle qui lui permettrait de licencier à sa guise. En réalité il semblerait qu'elle veuille doubler la production en passant de 380 pneus à 800 par jour sans embauches ni investissements.

Les grévistes sont conscients de la difficulté de faire reculer la direction dans les circonstances actuelles, mais ils veulent malgré tout maintenir la grève. Une consultation, exigée par le médiateur nommé par le gouvernement, a rejeté les propositions de la direction à 69,7 % après sept semaines de grève et la perte de près de la moitié du salaire, malgré les indemnités de grève actuellement de près de 40 euros par jour.

Les marques de solidarité de travailleurs d'autres entreprises, dont certains viennent apporter une contribution financière à la caisse de soutien, confirment les grévistes dans le fait qu'ils mènent une lutte pour un enjeu qui concerne largement tous les travailleurs. « Il est certain que les patrons des autres entreprises regardent ce qui se passe chez nous. Si nous laissons partir le délégué principal, ne feront-ils pas la même chose ailleurs ? »

C'est d'ailleurs ce qui pousse les délégués de Bridgestone à interpeller les responsables des appareils syndicaux nationaux sur la nécessité qu'il y aurait à unifier les luttes des nombreuses entreprises qui connaissent ce genre de situation.

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