Obama au Ghana : Hypocrisie et mensonges, c'est possible !16/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2137.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Obama au Ghana : Hypocrisie et mensonges, c'est possible !

Le 11 juillet dernier, Barack Obama a prononcé un discours sur les relations de l'Afrique et des États-Unis lors de sa visite au fort esclavagiste de Cape-Coast, au Ghana, lieu symbolique de la traite négrière au 18e siècle, d'où les esclaves quittaient le continent pour les États-Unis. « J'ai du sang africain dans les veines », a-t-il rappelé. Peut-être, mais c'est en chef d'État de la principale puissance impérialiste qu'il s'est exprimé !

Évoquant le passé, Obama a concédé que la « carte coloniale avait contribué à susciter des conflits » et que « l'Occident a souvent traité l'Afrique avec condescendance, à la quête de ressources plutôt qu'en partenaire ». Mais il a aussitôt ajouté, comme Sarkozy à Dakar en 2007, que « l'Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur ». Il a même osé dire que « pour beaucoup d'Africains, le conflit fait partie de la vie et est aussi constant que le soleil » ! Venant d'une grande puissance aussi va-t-en-guerre que les États-Unis, il fallait le faire !

À côté de cela, il n'a pas manqué de conseils sur la « bonne gouvernance » démocratique, la possibilité de « transformer la crise en progrès », sans oublier l'inévitable « développement durable », suggérant que l'Afrique utilise l'énergie solaire et éolienne pour « exporter de l'énergie propre et rentable à l'étranger ».

Les trusts pillent l'Afrique

Comment ne pas être choqué par ces leçons, données qui plus est par un des principaux représentants de l'impérialisme et de ses trusts prédateurs ? Le pillage de l'Afrique et l'exploitation de sa population ne se limitent pas au temps des colonies. La dictature, la misère, les maladies, les guerres se poursuivent aujourd'hui aussi avec les trusts qui continuent de dicter leur loi.

La fortune personnelle de certains dictateurs africains choque l'opinion, à juste titre, mais leur fortune ne représente qu'une mince partie des immenses bénéfices engrangés par les trusts européens ou américains. En 2008, par exemple, les exportations du cuivre de Zambie ont rapporté aux trusts près de 2,34 milliards d'euros et seulement 200 millions d'euros au gouvernement zambien, sous forme d'impôts.

Par l'intermédiaire de la dette, les pays d'Afrique reversent bien plus d'argent aux pays occidentaux qu'ils n'en reçoivent sous forme d'aides. Les banques prélèvent même une partie de l'argent qui devrait parvenir en Afrique envoyé par les travailleurs africains dans l'émigration.

L'impérialisme, soutien des dictatures et fauteur de guerres

Contrairement à ce que suggère Obama, les dirigeants des trusts et les dictateurs ont des liens très personnels. On l'a vu tout récemment à la mort de Bongo quand Axa, Bolloré, etc., ont adressé leurs condoléances à sa famille et que l'ancien patron d'Elf, Loïc Le Floch-Prigent, s'est rendu aux funérailles du dictateur gabonais. Au Gabon, ce sont les trusts français qui exploitent le pétrole mais aussi les bois précieux, le manganèse, le gaz, le fer, l'uranium.

Les États-Unis ont des intérêts concrets en Afrique. 15 % des importations américaines proviennent du Ghana, et cette part pourrait monter à 25 % d'ici 2020. Au Libéria, le fabricant de pneus Firestone dispose depuis 1920 de concessions sur des centaines de milliers d'hectares de plantations d'hévéas.

Quant aux guerres civiles qui ravagent l'Afrique, elles découlent moins de rivalités ethniques ancestrales que du passé colonial et des rivalités actuelles des trusts qui continuent de dresser les clans ou les ethnies rivaux les uns contre les autres. Ainsi au Libéria, le groupe Bolloré avait pu racheter une plantation de 150 000 hectares d'hévéas contrôlée par Charles Taylor, contribuant ainsi à financer la guerre civile.

Obama a fait mine de s'indigner des massacres récents en Somalie, où la guerre entre troupes gouvernementales et milices islamistes dure depuis 1991. Mais l'arrivée, en 1992, des troupes américaines, mandatées par l'ONU, avait surtout aggravé la situation.

Le discours d'Obama et son « yes, you can » adressé cette fois aux Africains est aussi scandaleux que cynique.

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