Île de la Réunion : Fillon oublie les classes populaires16/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2137.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Île de la Réunion : Fillon oublie les classes populaires

Les classes populaires n'avaient rien à attendre de la venue du Premier ministre dans l'île les 10 et 11 juillet dernier. De ce point de vue, elles ne pouvaient pas être déçues de voir Fillon ignorer superbement les chômeurs dont le nombre ne cesse d'augmenter.

En un an, ils sont passés de 88 880 à 104 600, soit une augmentation de 15 720 travailleurs privés d'emplois. Pour eux rien, comme il n'y a rien eu non plus pour les assistants d'éducation venus interpeller Fillon. Ils sont 348 qui devraient perdre leur travail, alors qu'ils ont une utilité évidente et reconnue par tout le corps enseignant. À leur encontre Fillon s'est contenté de déclarer que la création d'emplois publics « c'est fini » ajoutant « l'assistanat n'est pas une solution ». Ah bon ! Fillon aurait-il oublié qu'il a assisté de quelques milliards les banquiers et autres grands patrons ?

Vis-à-vis du patronat local, les propos et les propositions de Fillon ont été plus avenants. Ainsi de nombreux patrons ont été ravis par plusieurs annonces. Entre autres celle concernant l'octroi d'une prime à la bagasse pouvant être comprise entre 10 et 13 euros par tonne de canne livrée, payée par les usiniers sucriers.

La bagasse est le résidu de la canne après que celle-ci a été broyée et pressée. Elle alimente deux centrales électriques qui fournissent 12 % de l'électricité produite à la Réunion. La prime à la bagasse améliorera l'ordinaire de certains petits planteurs. Mais le regroupement des jeunes agriculteurs a raison d'être méfiants et de dire que « le prix n'a de sens que si les bénéficiaires sont clairement identifiés ». Et de fait, ce sont surtout les moyens et les gros planteurs qui toucheront le pactole à chaque campagne sucrière. Quant aux usiniers, ils n'auront même pas à mettre la main à la poche car la prime sera vraisemblablement répercutée sur le prix de l'électricité qu'ils fournissent à EDF et donc, en dernier ressort, sur les consommateurs.

Parmi les autres bonnes nouvelles annoncées par Fillon il y a le plan de relance de 370 millions d'euros de crédits pour le BTP et les huit millions destinés à l'étude des productions d'énergies nouvelles, dont la mise en oeuvre a été confiée à Jacques de Châteauvieux, le plus important capitaliste de l'île, qui se voit offrir la présidence du programme « Gerri », sous-produit local du Grenelle de l'environnement.

Fillon n'est donc pas venu les mains vides mais seulement pour des bénéficiaires préalablement identifiés.

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