Taxe carbone : Au nom de l'écologie, on taxe surtout les plus pauvres09/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2136.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe carbone : Au nom de l'écologie, on taxe surtout les plus pauvres

À propos de la taxe carbone, Sarkozy a affirmé devant le Congrès à Versailles, le 22 juin : « Plus nous taxerons la pollution et plus nous pourrons alléger les charges qui pèsent sur le travail. C'est un enjeu immense. »

Cette taxe consisterait à faire payer chaque contribuable selon les émissions de CO2 dont il est responsable, directement ou indirectement. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie estime que dans un premier temps la taxe rapporterait huit milliards d'euros par an.

Le but serait de lutter contre la pollution en réduisant les rejets de gaz à effet de serre. L'objectif affiché est de diviser ces rejets par quatre d'ici 2050.

En France, les grandes entreprises industrielles seraient carrément exonérées de la taxe carbone, au motif que leurs rejets de CO2 sont rationnés par le système européen des « bons à polluer ». La taxe viserait donc les entreprises pas encore rationnées, comme le transport ou le bâtiment - à supposer qu'elles n'arrivent pas à se faire exempter - et surtout les particuliers. Or, moins on a les moyens, moins on a le choix de sa consommation énergétique. Les habitants des campagnes ne peuvent adopter le métro ou le tramway pour leurs déplacements. Les travailleurs en équipe, obligés de prendre leurs voitures, non plus, même s'ils demeurent dans de grandes villes. La taxe frapperait en fait les classes populaires, qui ne peuvent investir dans un véhicule plus écologique ou dans des panneaux solaires, et qui ne peuvent faire construire une maison parfaitement isolée.

Lorsque Sakozy parle d'alléger « les charges qui pèsent sur le travail », il ne se préoccupe pas des travailleurs mais des entreprises. On évoque la possibilité que la taxe carbone remplace les « charges sociales » payées par les entreprises, ou la taxe professionnelle perçue par les municipalités. La charge écologique payée par les travailleurs remplacerait alors les « charges » que les patrons acquittent... de moins en moins.

Quand il parle de la future taxe carbone, le gouvernement souligne qu'elle se ferait à taux d'imposition constant, qu'elle serait équilibrée par la baisse d'autres prélèvements. Pour les entreprises, c'est possible. Mais comment diminuera-t-on l'impôt sur le revenu de l'ouvrier qui doit faire de longs trajets en voiture, avec un carburant plus cher du fait de la taxe carbone ? Le « taux d'imposition constant » n'est là que pour rassurer les bourgeois ; s'agissant des travailleurs il n'a pas de sens.

La taxe carbone ne serait instaurée que d'ici un an ou deux. Ses contours sont encore flous et suscitent des polémiques. Le ministre de l'Écologie Borloo a déclaré que « l'État redistribuera l'intégralité de la taxe », sous forme d'un « chèque vert » dont bénéficieraient « tous les ménages ». Cette idée d'une redistribution, au mécanisme mystérieux, a aussitôt été contestée par la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, et par Michel Rocard, qui préside la Conférence des experts sur la taxe carbone. Pour eux, une taxe se traduit par un chèque du contribuable, pas par un chèque au contribuable !

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