Renault-Flins : Moins on y reste, plus on y travaille09/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2136.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Flins : Moins on y reste, plus on y travaille

Fin 2008, la direction de Renault Flins décidait 43 jours d'arrêt total de la production. Elle s'apprête sans doute à faire de même pour cette année.

En attendant, parce qu'il lui faudrait absolument quelques centaines de voitures de plus, elle a décidé, à un mois des congés, un allongement de la journée de travail de dix minutes supplémentaires par jour par rapport aux horaires précédents déjà exténuants.

En plus des dix minutes quotidiennes, les samedis, jusqu'à présent dits « au volontariat », même s'il s'agissait d'un volontariat souvent très relatif, sont maintenant obligatoires.

Alors l'exaspération grandit : elle nous fait travailler comme des fous juste au moment où l'on voudrait pouvoir souffler un peu pour ne pas partir en vacances encore plus fatigués que d'habitude.

La chaîne démarrant à 5 h 20, nous sommes nombreux à devoir nous lever à 3 heures du matin. Quand nous quittons l'atelier à 13 h 10, nous n'avons toujours pas déjeuné. On ne pourra le faire qu'une fois rentré à la maison, pas avant 14 h 30 pour beaucoup.

Cela fait maintenant seize ans que nous subissons ce régime. La suppression du repas date en effet de 1993. Le temps de présence à l'usine était ainsi passé de 40 h 40 à 37 heures, sans qu'il y ait pourtant la moindre réduction du temps de travail.

Avant 1993, la semaine à l'usine était certes fort longue. Mais la journée de travail était coupée de 28 minutes de pause auxquelles s'ajoutaient 40 minutes pour le repas. Autrement dit, cela donnait un temps de travail effectif - le seul qui intéresse la direction, celui où l'on produit - de 35 heures par semaine pour 40 heures et 40 minutes de présence.

Aujourd'hui, le temps de présence est de 39 heures et 10 minutes, soit seulement une heure et demie de moins par semaine passée à l'usine. Mais puisque nous n'avons aucun temps de repas, le temps de travail effectif est actuellement de 36 heures et 50 minutes, soit 1 heure et 50 minutes de production en plus.

Alors que la loi est passée de 39 à 35 heures, on reste une heure et demie de moins par semaine à l'usine qu'il y a seize ans, mais quand on y est, c'est pour travailler 1 heure et 50 minutes de plus, et à un rythme de travail bien plus élevé qu'à l'époque. À tel point qu'aujourd'hui, même parmi les derniers embauchés, de plus en plus de travailleurs ont le dos, les articulations abîmés.

Pour aggraver encore nos conditions de travail, la direction joue sur la crainte du chômage. Mais ses provocations font croître le nombre de travailleurs excédés et elle ne fait que hâter le moment où tous ensemble nous l'enverrons promener, elle et tout son fatras de « variabilité ».

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