Irak : Les troupes américaines se retirent des grandes villes... sans quitter le pays09/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2136.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les troupes américaines se retirent des grandes villes... sans quitter le pays

Ces jours-ci, l'armée américaine quitte les rues des grandes villes d'Irak et d'abord de la capitale, Bagdad. Elles resteront cependant stationnées dans des bases situées à l'extérieur des agglomérations.

La mission de maintien de l'ordre dans les villes va être confiée à l'armée irakienne, qui a reçu une formation de la part de cadres militaires américains.

Les États-Unis conservent donc en Irak une présence militaire massive avec près de 138 000 soldats, auxquels il faut ajouter un nombre équivalent de mercenaires employés par des sociétés privées de sécurité. Pour ce qui est du désengagement, il est prévu que 50 000 hommes des troupes de combat soient retirés d'ici à août 2010, ce qui laissera encore une force de 35 000 à 50 000 soldats jusqu'au 31 décembre 2011.

C'est exactement la date retenue par l'administration Bush dans ses accords avec le gouvernement irakien, mais c'est logique, puisque Obama a conservé dans son équipe le promoteur de cette formule de désengagement qui est en fait un redéploiement.

Mais même après 2011, il restera encore plusieurs milliers de « conseillers » et « techniciens » militaires, pendant une période indéterminée, autant dire sans doute pour longtemps.

Une catastrophe pour la population

En dépit de toute une propagande faite aux États-Unis ces derniers mois autour des succès militaires supposés en Irak, le chaos et la misère restent le lot de la population sans que cessent pour autant les attentats sanglants. Ces derniers ont même connu une certaine recrudescence au fur et à mesure qu'approchait le redéploiement en cours.

Près de 90 % de la population n'a pas d'accès continu à l'électricité. Et l'eau potable reste une denrée rare pour le plus grand nombre. Surtout, le pays continue de subir la violence des conflits entre les différentes factions armées nées de la guerre et de l'occupation américaine. Six ans après le début de la guerre, il ne se passe pas un jour sans qu'une attaque ou un attentat n'ait lieu. Rien que pour les six premiers mois de cette année, 1800 Irakiens ont perdu la vie. Cette situation de guerre civile a aussi engendré un contingent de cinq millions de réfugiés, soit près de 20 % de la population, qui ont fui les zones de combat.

Un désengagement qui n'est pas la fin de la guerre.

Si on élargit la question à la région formée par l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan, le retrait de l'armée américaine a encore moins de sens. On assiste en effet à un transfert des troupes américaines vers l'Afghanistan. Aux 38 000 soldats américains déjà présents, l'administration Obama a décidé d'envoyer un renfort de 21 000 soldats supplémentaires. Dans le même temps, il est demandé aux autres grandes puissances, notamment la France, d'accroître elles aussi leur présence militaire en Afghanistan.

Depuis le renversement du régime des talibans par la première offensive américaine il y a huit ans, la guerre n'a pas cessé. Elle n'a fait que s'aggraver. L'offensive lancée par l'armée américaine la semaine dernière, dans le sud du pays, en est une nouvelle illustration.

Les États-Unis gardent également un oeil sur le Pakistan voisin, qui sert de base arrière aux talibans. Depuis des mois, l'armée américaine franchit la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, tandis que l'administration Obama fait pression sur le gouvernement pakistanais pour qu'il reprenne le contrôle des zones tribales. Et comme en Irak, les premières victimes sont les populations civiles.

Le prix à payer par les travailleurs américains

Au total, la permanence de la présence de l'armée américaine dans cette région est d'abord une véritable catastrophe pour les populations irakienne, afghane et pour une part pakistanaise. Mais elle l'est aussi pour la population américaine, ne serait-ce que par le coût de cette guerre.

Le Congrès vient de voter une nouvelle rallonge de 106 milliards de dollars (environ 76 milliards d'euros) pour financer la présence militaire américaine en Irak et en Afghanistan. Et cela, alors qu'on est en pleine crise économique, que les dirigeants américains imposent déjà aux travailleurs une dégradation de leurs conditions d'existence. L'argent qui s'est évanoui dans les guerres américaines au cours de cette décennie aurait été bien mieux employé s'il avait servi à améliorer les conditions d'existence des classes laborieuses. Mais c'est tout le contraire qui se passe.

Et, de ce point de vue aussi, il n'y a pas de rupture. Obama poursuit la politique de son prédécesseur, celle qui entend maintenir la domination des États-Unis ; une politique criminelle pour tous les peuples, ceux de la zone de guerre et d'occupation mais aussi pour la population américaine mise en demeure de payer les notes de la crise et de la guerre.

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