Le G8 à l'Aquila : Cirque médiatique, et oubli des sinistrés du tremblement de terre03/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2135.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le G8 à l'Aquila : Cirque médiatique, et oubli des sinistrés du tremblement de terre

Le sommet du G8 se tiendra en Italie du 8 au 10 juillet, à l'Aquila, ville des Abruzzes ravagée par un tremblement de terre en avril dernier. Ainsi en a décidé le gouvernement Berlusconi « en solidarité » avec les réfugiés victimes du séisme.

Cela leur fera-t-il chaud au coeur de savoir que le seul bâtiment public - la caserne de l'école de gendarmerie financière - qui a résisté car construit, lui, sur des normes antisismiques, va recevoir les chefs d'État des pays les plus riches du monde, accompagnés de quelques centaines de collaborateurs ? Les sinistrés ressentiront-ils cette « solidarité » qui va coûter 50 millions d'euros d'aménagement de la caserne en question ? Sans compter un certain nombre d'autres millions pour la protection de tous ces présidents.

Les responsables des services de sécurité sont en effet sur les dents, en particulier ceux des États-Unis. La caserne est proche de la faille sismique et les scientifiques sont, paraît-il, aux aguets. Le gouvernement italien a mobilisé tous les moyens d'évacuation, dont des hélicoptères, au cas où les secousses, qui n'ont pas cessé depuis trois mois et ont même atteint un pic lundi 22 juin, se révéleraient encore plus sérieuses. Et pour ce qui est des mesures de sécurité purement policières, le nécessaire a été fait : les accords de Schengen sont suspendus du 28 juin au 15 juillet, la liberté de circulation ayant, encore plus que d'ordinaire, atteint ses limites ; les contrôles d'identité seront renforcés dans les ports et les aéroports et au moins 15 000 policiers sont mobilisés.

Pendant ce temps, les 50 000 sinistrés, victimes du séisme, sont toujours dans des tentes où, après le froid, la chaleur les accable. Après avoir été victimes de constructions faites au mépris des normes antisismiques, ils attendent la reconstruction. Ce n'est pas l'opération publicitaire de Berlusconi qui peut les rassurer. Les exemples de précédents tremblements de terre sont là pour prouver qu'après la catastrophe sismique, les affairistes en tout genre accourent : cabinets d'experts et rois du béton, plus ou moins entre les mains des différentes mafias, sicilienne, napolitaine, calabraise... et gouvernementale, tous à l'affût des marchés intéressants mais pas du tout pressés de reloger la majorité de la population. C'est ainsi que bien des sinistrés de précédents séismes survivent encore dans des logements de fortune.

Alors, au-delà du cirque du G8, les sinistrés de l'Aquila ont toutes les raisons de craindre que le provisoire des tentes où ils sont relogés ait tendance à se prolonger tandis que tout se conjuguera pour les faire retomber dans l'oubli médiatique et sous la coupe de promoteurs aussi peu scrupuleux que ceux qu'ils ont connus avant le tremblement de terre.

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