Chantiers navals STX - Saint-Nazaire : La crise a bon dos03/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2135.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers navals STX - Saint-Nazaire : La crise a bon dos

À STX (ex-Chantiers de l'Atlantique), la crise se fait sentir depuis de nombreux mois déjà. Annulation de commandes, incertitude sur l'avenir et des bateaux qui sont livrés les uns après les autres sans que de nouvelles commandes soient annoncées. Mais pour les patrons, la crise a du bon, ils profitent de l'inquiétude pesante qu'ils entretiennent en multipliant les rumeurs et les réunions de Comité d'entreprise.

Dans la sous-traitance, la pression est au maximum. Les intérimaires se retrouvent en fin de contrat et ceux qui restent croulent sous le travail. Les patrons anticipent et commencent à licencier les personnels en CDI sous n'importe quel prétexte, sans compter que de nombreux marchés sont repris par STX pour reclasser son personnel.

À STX, sous prétexte de « baisse de charge » et de « redéploiements internes », tout est permis ! Les conditions de travail sur les bateaux nous ramènent trente ans en arrière : pas d'ascenseur et c'est à dos d'homme et à pied que le matériel est acheminé sur les 19 ponts du bateau. L'instauration du travail en 2×8 (chose qui n'existait pas avant sur les bateaux) engendre la cohabitation de métiers qui jusque-là, pour des questions de sécurité, était évitée (peintres et soudeurs par exemple).

La gestion du personnel se passe au jour le jour : on apprend le vendredi que l'on part lundi pour un mois de chômage, ou que l'on va travailler dans un autre secteur, ou que l'on change d'horaire et d'équipe.

Les entretiens préalables à sanctions se multiplient pour des motifs dérisoires - retards de quelques minutes ou « manque d'ardeur au travail » - alors que d'un autre côté il est de plus en plus difficile de trouver un bleu propre dans son casier le lundi, une place assise au self le midi, une douche propre à la fin de la journée, ou tout simplement du matériel pour travailler !

La cerise sur le gâteau, c'est quand même le « vaste programme » de formation qu'a mis en place la direction : sept longs jours de formation « Lean Navale » destinés à retarder l'arrivée du chômage partiel pour les 700 ouvriers des ateliers. Sept jours de formation à 1 200 000 euros, en grande partie financés par nos impôts.

La formation aurait pu être intéressante et utile pour ce prix-là ; au lieu de ça c'est un fatras de vieilles recettes de management. Pour être « Lean » il faut dire « bienvenue aux problèmes ! », il faut remplir des tableaux et répondre à des QCM niveau Télé Z pour déterminer si au travail on a une attitude « ++ », « +- », « -+ » ou carrément « - ». Le tout est agrémenté de dessins et de personnages rappelant des règles de bon sens que la direction ferait bien de commencer par s'appliquer à elle-même.

Les travailleurs des Chantiers ne sont pas dupes, ils voient clair dans le jeu de la direction et ont prouvé dans un passé très récent qu'ils savaient se défendre. Il y a quelques jours ils ont d'ailleurs débrayé spontanément à une centaine pour manifester leur indignation face au licenciement d'un des leurs.

« Tout se paye un jour ! » a été la conclusion du débrayage.

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