Calais : Manifestation pour la liberté de circulation03/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2135.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : Manifestation pour la liberté de circulation

À Calais, du 23 au 27 juin, l'organisation No Border, défendant la liberté de circulation et l'abolition des contrôles migratoires, a été autorisée à installer un camp. 150 militants de diverses nationalités ont dressé un chapiteau pour des débats et projections de films, afin de dénoncer l'acharnement policier dont sont victimes les migrants sans papiers, notamment ceux présents à Calais dans l'espoir de traverser la Manche. Ils appelaient à une manifestation le samedi 27 juin.

Pendant deux semaines, Calais a été assiégé par un déploiement de forces de police considérable : jusqu'à 2 700 CRS et gendarmes mobiles, des cohortes de cars de police, des patrouilles de brigades canines et équestres... Un matériel impressionnant avait été mis en place : murs antiémeutes devant les bâtiments officiels, canon à eau, véhicules blindés, hélicoptère...

Pour justifier cette opération, la préfecture prétextait la défense de la sécurité des Calaisiens, relayée par la municipalité UMP qui avait annulé toutes les festivités programmées ! Et d'invoquer les débordements possibles des « Black Blocks », comme à Strasbourg lors de la manifestation contre le sommet de l'Otan le 4 avril. Les médias ont entretenu la confusion et n'ont jamais rappelé que, si Strasbourg avait été mis en état de siège, c'était surtout pour empêcher les opposants de manifester.

À Calais, bien des habitants étaient plutôt méfiants vis-à-vis des militants de No Border, pacifistes, mais accusés par une rumeur intéressée d'héberger des casseurs prêts à attaquer les bâtiments de l'État. Mais nombre de Calaisiens ont aussi jugé délirant ce quadrillage policier et choquant un tel gaspillage des deniers publics : nuits d'hôtel pour loger une armada de policiers, coût des heures de vol et du carburant pour l'hélicoptère qui a survolé la ville pendant une semaine, sans compter le prix de l'attirail complet - tenue de protection et armes variées - arboré par les CRS.

C'est d'ailleurs cette panoplie sécuritaire, outre la solidarité avec les migrants, qui a décidé un certain nombre de Calaisiens - surtout des étudiants et des enseignants - à se joindre à la manifestation du 27 juin qui, du coup, est devenue aussi une manifestation pour le droit de manifester.

Le cortège de 1 500 personnes, cerné par les forces de l'ordre, a suivi sans incident un itinéraire imposé, dans un quartier désertique. Le décalage était ridicule entre cet étalage de moyens répressifs et un simple défilé pacifique. Mais l'opération qui visait à faire monter le sentiment d'insécurité et à solidariser la population avec la police n'a pas été vraiment convaincante, et tant mieux !

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