SNCF : Rentabilité ne rime pas avec sécurité03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

SNCF : Rentabilité ne rime pas avec sécurité

Dans la nuit du 19 au 20 mai, sous le tunnel du Nivernant, près d'Angoulême, en Charente, un train de fret d'une filiale de la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn a heurté un train de fret de la SNCF. Le choc a été violent, la locomotive SNCF éventrée, un wagon a déraillé et le conducteur du train SNCF a été blessé. Cela aurait pu être plus grave, en cas de heurt avec un train de voyageurs par exemple. Le trafic voyageurs a été interrompu sur l'ensemble de la ligne, bloquant 30 000 voyageurs pendant des heures.

Un tel incident n'est pas extraordinaire, même si la population n'en a pas toujours connaissance. La situation dans les chemins de fer n'a cessé de se dégrader depuis des années. La recherche de rentabilité menée par la SNCF a réduit à pas grand-chose le personnel spécialisé ayant la charge de vérifier la bonne formation des trains, l'amarrage des containers ou de gros engins, les freins, etc. La libéralisation du transport ferroviaire du fret depuis 2006, autorisant des entreprises ferroviaires privées à utiliser le réseau SNCF et lançant la concurrence entre elles, n'a rien arrangé. Récemment, un rapport d'enquête rappelait un autre incident du même type, survenu en mai 2008, à Montauban, avec un train de fret de la société privée Veolia Cargo, qui fait circuler quotidiennement une vingtaine de trains de fret. De nombreux manquements à la sécurité ont été dénoncés à cette occasion : manque de formation des personnels recrutés par Veolia Cargo, consignes de sécurité mal respectées, essais et vérifications des freins insuffisants, voire non exécutés avant le départ du train, sous-équipement du personnel, personnel en nombre insuffisant, toutes choses qu'on retrouve à la SNCF, sans parler de l'entretien des voies elles-mêmes qui sont, en fin de compte, du ressort de la SNCF.

Les organisations syndicales dénoncent la façon dont les entreprises ferroviaires - et la SNCF - dans leur course au profit économisent sur tout ce qu'elles peuvent : les conditions de travail, le personnel, les formations, avec pour conséquence logique un abaissement général des conditions de sécurité pour la circulation des trains de marchandises comme des trains de voyageurs. Avec, en plus, de la part de la SNCF, le souci de vendre au secteur privé tout ce qui peut intéresser ce dernier, un réseau ferroviaire à l'image du réseau anglais, avec les dégâts que cela implique pour les travailleurs du rail comme pour les usagers, est en train de se mettre en place dans le pays.

Et dès 2010, l'ouverture du réseau à la circulation de trains privés de voyageurs, et non plus seulement de fret, risque d'aggraver la situation. Mais, pour Guillaume Pépy, président de la SNCF, il n'em¬pêche : on vit une époque formidable !

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