Mesures contre les immigrés : Désavoué par la justice, Besson persiste !03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mesures contre les immigrés : Désavoué par la justice, Besson persiste !

Samedi 30 mai, pour la deuxième fois en six mois sur le même sujet, un jugement du tribunal a désavoué une décision d'Eric Besson, ministre de l'Immigration et des expulsions, qui visait à limiter les droits des réfugiés et des sans-papiers.

Dans les trente grands centres de rétention administrative où le gouvernement enferme des immigrés en instance d'expulsion pour défaut de papiers en règle, c'est jusqu'à présent la Cimade (association oecuménique d'entraide) qui intervient pour les défendre juridiquement et tenter d'empêcher leur expulsion. Le gouvernement Sarkozy n'apprécie pas du tout les interventions de cette association de défense des droits de l'homme, qui entrave son objectif proclamé de 27 000 expulsions annuelles.

Aussi Besson avait-il brutalement décidé qu'à partir de ce mardi 2 juin cinq nouvelles associations, en plus de la Cimade, se partageraient l'intervention dans les centres de rétention pour y assister les détenus. Ces associations ont été choisies par son ministère, après un appel d'offres public, avec comme condition de ne pas se coordonner entre elles et de respecter des clauses de confidentialité. Le but immédiat de Besson est de supprimer le regroupement d'informations nationales que la Cimade publie sur la politique répressive du gouvernement, et à terme de l'évincer complètement des centres.

Mais, suite à deux recours juridiques contre cette décision, déposés par la Cimade et par d'autres associations, dont celles d'avocats, le juge des référés du tribunal administratif de Paris a suspendu l'exécution de ces nouveaux contrats, proposant que la Cimade poursuive sa mission pendant au moins trois mois.

Le juge a estimé en effet que ces contrats ne prévoyaient que des actions d'information auprès des prisonniers, et non une assistance pouvant permettre aux étrangers, maîtrisant mal le français et sans compétence juridique, de former des recours contre leurs expulsions et d'exercer effectivement leurs droits. De plus, dans son ordonnance, le juge déclare complètement incompétente l'une des associations sélectionnées par le ministère, le « Collectif Respect ». Cette association, inconnue de tous les défenseurs des immigrés, est en effet une création récente d'un proche de l'UMP et d'Hortefeux.

D'ores et déjà, Besson annonce que, si le tribunal lui donne à nouveau tort sur le fond, il déposera un troisième appel d'offres public. Son but est clair : mettre la liberté des réfugiés entre les mains d'associations soumises. Besson persiste à vouloir transformer les centres de rétention en chasse gardée de son ministère, salles d'attente avant embarquement dans des charters.

Et de déclarer, pour tenter de se justifier, que « la politique de fermeté contre l'immigration contribue à faire garder la tête sous l'eau au Front National ». Et aussi, au sens propre, à des milliers d'immigrés, devrait-il ajouter ! Reprendre et appliquer les idées xénophobes lepénistes, voilà à quoi se résume sa politique.

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