Continental - Clairoix : La lutte arrache de nouveaux reculs, peut-être décisifs03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental - Clairoix : La lutte arrache de nouveaux reculs, peut-être décisifs

Les 1 120 travailleurs de l'usine Continental de Clairoix n'ont pas relâché leur pression pendant toute la dernière période, alors que les négociations avec la direction internationale du groupe patinaient. Et cela a fini par payer.

En effet, le 19 mai Continental avait concédé le maintien des contrats de travail jusqu'au 31 décembre 2011, ce qui voulait dire qu'aucun licenciement ne pourrait être prononcé avant 2012, mais la discussion était bloquée sur les compensations financières qui devaient accompagner la fermeture de l'usine. Pire, la direction Continental faisait savoir qu'elle envisageait de réduire de trois mois la durée totale de protection contre les licenciements.

L'intersyndicale décidait d'en finir avec ces tergiversations en exigeant comme préalable à la poursuite des négociations le maintien des acquis précédents, avec en plus le versement d'une prime exceptionnelle minimum de 50 000 euros net pour tous, qui viendrait s'ajouter au doublement, déjà acquis, des indemnités conventionnelles de licenciement.

Pour montrer la détermination du personnel, le Comité de lutte organisa jeudi 28 mai, veille de la reprise des négociations, une manifestation à Paris en direction du siège du Medef, avenue Bosquet.

700 travailleurs répondirent présents ce jour-là, avec un cortège préalable de plus de 150 voitures.

Finalement, devant cette mobilisation qui ne faiblissait pas, et face à l'intransigeance de l'intersyndicale, le représentant du directoire de Continental AG céda totalement lors de la négociation qui se tenait à Paris.

Le maintien de tous les contrats de travail jusqu'au 31 décembre 2011 était confirmé. La production ne serait jamais redémarrée. L'État accordait au total quatre mois de chômage partiel qui, de fait, serait quasiment indemnisé à 100 %, avec une réouverture de l'usine avec dispense d'activité. Pour finir, il y aurait 23 mois de congé de reclassement, alors que le maximum légal est actuellement de neuf mois. Rappelons que 650 licenciements devaient être prononcés dès octobre 2009, et 470 en mars 2010. Ce sont donc plus de deux ans gagnés pour la majorité des salariés.

Pour l'indemnisation du préjudice subi, tous les salariés, quel que soit leur niveau hiérarchique et leur ancienneté, devraient recevoir une prime uniforme de 50 000 euros net de toutes cotisations, soit 55 000 euros brut. À cela s'ajoute ce qui était acquis, le doublement de la prime conventionnelle de la Chimie, passant de 0,3 à 0,6 mois par année d'ancienneté. Cela ferait une prime globale s'étalant de 50 000 à 100 000 euros net pour un ouvrier de fabrication, selon son ancienneté, beaucoup plus pour les autres niveaux hiérarchiques.

Cela représente un recul considérable de la direction, les primes proposées ayant commencé à 17 000 euros, puis 20 000 euros au bout des deux dernières négociations officielles.

Le lendemain, samedi 30 mai, l'assemblée réunissait plus de 700 personnes. Des débats francs et ouverts eurent lieu. Les ouvriers accueillirent avec un énorme soulagement l'annonce qu'ils n'auraient pas, en contrepartie de ce qui accompagnait la fermeture, à retourner aux machines le jour et la nuit. Même si chacun avait conscience que rien ne pourrait indemniser le désastre social de la fermeture, l'assemblée approuva massivement, avec quatre voix contre et plus de 700 pour, cette base de compromis. Cela dit, la mobilisation fut maintenue, car ce qui concerne les garanties complémentaires, assez nombreuses, reste encore à inscrire dans l'accord. C'est le tout qui doit être garanti et enfin adopté.

Pour montrer que ni cette mobilisation, ni la vigilance ne se relâchaient, et pour exprimer leur solidarité avec leurs camarades de Goodyear, l'ensemble du personnel de Clairoix a décidé de monter à Amiens mardi 2 juin pour manifester aux côtés des travailleurs de cette usine, leurs camarades menacés du même désastre qu'eux.

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